Reportage

Les recherches TP, une activité méconnue

Le Trafic des paiements regroupe des activités souvent peu connues du grand public. Peut-être parce que, généralement, au sein de ce secteur «tout roule». Et quand, parfois, ça «bloque», on fait alors intervenir le service des Recherches pour redresser la situation.
| Par Carlos Mateo Llaca, BCV
Le trafic des paiements, c’est quoi?

Le secteur Trafic des paiements (TP) gère les sorties et les entrées de fonds, tant de la clientèle privée que des entreprises, en francs suisses et en monnaie étrangère. Il s’agit donc d’un flux dans les deux sens pour toute cliente ou tout client qui utilise les services de la Banque pour ses transferts d’argent. Voilà, en résumé. Osiris est le cœur du système, tout transite par lui et les applications connexes afin de gérer les opérations, tant en entrée qu’en sortie.

Le secteur TP (voir organigramme), dont Pierre-Michel Gicot est le responsable, est rattaché au département Opérations qui dépend, lui, de la division Services (DISE). Il compte au total 35 collaboratrices et collaborateurs (plus quelques robots). Il est divisé en trois services: TP Production (19 personnes), dont la responsable est Vesna Kamaric, Caisse centrale – Banques automatiques (6 personnes), dirigé par Maria Petronio, et Recherches (10 personnes), à la tête duquel se trouve Claudia Talone.

L’équipe TP Production intervient potentiellement avant l’exécution d’un paiement. Et quand tout se passe bien il n’y a aucune raison de faire appel à elle. C’est peut-être pour cela qu’elle est plutôt discrète et que ses activités sont peu connues du grand public.

De haut en bas et de gauche à droite: Pierre-Michel Gicot, Vesna Kamaric, Maria Petronio et Claudia Talone.

Les activités du service Recherches

En fait, lorsque «tout roule», l’équipe du service TP Production surveille les exécutions des transactions sollicitées par la clientèle via les différents canaux mis à sa disposition (BCV-net, BCV Mobile, ordres papier). En revanche, le moindre grain de sable dans l’engrenage va gripper la machine et faire intervenir le service des Recherches. Celui-ci va faire en sorte que la transaction devienne conforme (compléter les lacunes éventuelles, corriger les erreurs, par exemple, dans le nom ou l’adresse du bénéficiaire…) ou demander le retour des fonds, si nécessaire. S’il ne dispose pas des informations manquantes ou correctes, il va se tourner vers le suivi clientèle, le Centre de conseil par téléphone (CCT) ou le Centre de conseil entreprises. Il faut savoir que les équipes du TP n’ont aucun contact direct avec la clientèle.

On peut dire que le service des Recherches est, en quelque sorte, le «service après-vente» du Trafic des paiements, car il intervient seulement si, après l’exécution d’une entrée ou d’une sortie de fonds, des opérations complémentaires doivent être réalisées. Sa mission principale est le suivi des demandes relatives à des transactions déjà exécutées, allant de la demande d’informations complémentaires à la demande de retour de fonds. Il travaille avec une base de données qui lui permet de disposer d’un suivi de tous les cas et des différentes actions qui y sont liées. Les cas sont traités selon des critères de priorité définis, toutes les demandes n’ayant pas le même degré d’urgence. Cette base de données sera prochainement remplacée par un workflow MS Dynamics, plus interactif et plus instinctif. Elle est complétée par des outils permettant de suivre en temps réel les paiements; parmi ceux-ci figure GPI (Global Payment Innovation) pour les paiements internationaux, qui permet de les suivre presque de bout en bout, renseignant sur leur statut depuis l’émission jusqu’au crédit final.

Quelques exemples

Le service Recherches gère donc les cas problématiques, les cas d’exception. Il va intervenir pour corriger une erreur dans l’adresse, le nom ou le numéro de compte du bénéficiaire, si un compte a été annulé, si le bénéficiaire fait l’objet de sanctions.

Mais il peut également arriver que, une fois la transaction exécutée par la BCV, la banque du bénéficiaire ou la banque intermédiaire demande des informations complémentaires. Là encore, c’est le service Recherches qui prend en charge la demande. Ces banques peuvent s’adresser à la BCV dans le cas où des erreurs dans les coordonnées empêchent «l’application des fonds», soit que les fonds soient versés, crédités auprès du bénéficiaire. Leurs filtres peuvent détecter dans la communication accompagnant la transaction un ou des mots qui vont déclencher des alertes, par exemple, le nom du bénéficiaire peut être l’homonyme d’une personne ou d’une entité sous sanctions. Pour toutes ces raisons, la transaction est alors bloquée et on se retourne vers la BCV pour clarifier le cas. À noter que la Banque applique, elle aussi, des filtres.

Du côté de la BCV, le service Recherches peut être sollicité par une cliente ou un client qui aurait fait un paiement à double, dont le paiement n’aurait pas été reçu par la personne désirée et qui souhaite que l’argent soit retourné.

Parmi ces types de demandes figurent en bonne place les escroqueries ou fraudes de toutes sortes. Ce type de demandes est traité en priorité, car le temps est crucial. Mais même une extrême rapidité ne peut garantir la récupération de l’argent. Il faut souligner que, dans les cas de fraude, le service des Recherches collabore étroitement avec d’autres entités de la Banque, comme la Sécurité ou le Juridique. Ces deux entités sont de plus en plus mises à contribution. Les investigateurs des Recherches œuvrent dans un monde où les cadres compliance et réglementaire évoluent en permanence, induisant des interventions de plus en plus nombreuses.

Évolution des activités

Les activités du TP sont en constante évolution en raison notamment des progrès technologiques et des adaptations des normes. Le défi le plus important à venir est peut-être celui de la rapidité, voire de l’immédiateté des transactions, dont l'«instant payment» ou paiement instantané, est l’archétype. Cependant, les règles de sécurité restent en vigueur, quelle que soit la rapidité de l’opération, c’est l’un des grands défis à surmonter.

Les évolutions ne sont pas terminées, la norme ISO20022, qui régit maintenant le trafic des paiements en Suisse, se généralise sur le plan mondial; il y a encore du pain sur la planche dans le domaine du trafic des paiements qui, après une très longue période de léthargie, n’en finit pas de se réinventer.