Interview

La passion d’un enfant du Grand Paris pour le parc animalier de la Garenne

Romain Delcommune, employé à la gestion documentaire au CAB, s’est rapidement intégré dans son village d’adoption de Le Vaud. Avec une foi en la nature chevillée au corps, il consacre une grande partie de son temps libre au rayonnement du parc animalier de la Garenne.
| Par Nicolas Gay Balmaz, BCV

C’est un amoureux de la nature qui a peu d’attirance pour le clinquant. Et lorsqu’il s’exprime, il ne prononce pas un mot plus haut que l’autre, loin de cette exubérance que l’on prête volontiers aux natifs de la région parisienne. Romain Delcommune est venu en Suisse en 2015. Après une expérience au CICR, il a rejoint, voici deux ans, la BCV où il travaille en tant qu’informaticien à la gestion documentaire (GED). Enfant, il ne poursuivait pas de grandes chimères, mais caressait un rêve secret: acquérir un jour un petit chalet en Suisse. C’est chose faite depuis qu’il s’est établi à Le Vaud, à proximité du parc animalier de la Garenne dont il s’est entiché, et dont il sert la cause en tant que membre du comité de l’association des amis de la Garenne (ADAG).

La proximité, une valeur qui fait des émules

«Je suis venu en Suisse pour le travail et les montagnes», résume Romain Delcommune. «Je supportais mal la pression urbaine du Grand Paris et il y avait peu de postes intéressants dans mon domaine d’activité. Mon idée n’était pas de gagner plus d’argent», précise-t-il, comme pour lever le soupçon. «Je voulais m’intégrer et participer à la vie de la région». Et de relever avoir en partage avec son employeur, la BCV, le goût de la proximité. Une valeur qui l’anime dans son engagement pour l’ADAG et le parc animalier. «J’ai la conviction que l’on protège au mieux que ce que l’on connaît le mieux», résume-t-il.

Romain Delcommune, un regard toujours bienveillant, mais inquiet de la fragilité de nos liens avec la nature.

Une clinique gratuite pour animaux sauvages

Toute l’action du parc animalier de la Garenne tend justement vers la protection de la faune qui nous est le plus proche, soit celle de notre région. La structure poursuit trois objectifs. D’abord, soigner les animaux blessés, souvent victimes des activités humaines, comme le trafic routier, la mécanisation de l’agriculture ou, hélas, les actes malveillants. Une fois rétablis, les animaux sont généralement relâchés dans la nature. Mais lorsque leurs conditions ne se prêtent pas à un retour sur leur lieu de vie, ils trouvent un habitat sécurisé jusqu’à la fin de leurs jours dans le parc de Le Vaud, où l’on peut notamment admirer loups, lynx, renards, chats sauvages, loutres, blaireaux, cervidés, ibis, gypaètes ou différents rapaces. «Je trouve que c’est une belle cause que donner une deuxième chance à tous ces animaux», confie Romain Delcommune.

Sauvegarder la faune, sensibiliser les humains

Le deuxième objectif de l’institution est la sauvegarde et la réintroduction d’espèces menacées. Le parc est en effet un centre de reproduction et participe, en collaboration avec d’autres zoos, à différents programmes de conservation de la faune sauvage de la région. La structure a, par exemple, joué un rôle clé dans la réintroduction du gypaète barbu qui avait disparu des Alpes en 1913. L’Histoire retiendra que la première femelle relâchée à élever avec succès un jeune dans la nature était une native de la Garenne.

Enfin, la troisième mission clé de la Garenne est de sensibiliser le public au développement durable et à la protection de l’environnement, en particulier les jeunes générations. Cet engagement pédagogique tient particulièrement à cœur à Romain Delcommune. Car il en est convaincu: «Nous vivons en décalage avec la nature, ce qui est à la source de beaucoup de nos frustrations. Pourtant, il y a là, sous nos yeux, tant de belles choses à découvrir. Nos enfants seront beaucoup plus heureux si on leur apprend à tisser un lien fort avec leur environnement.»

S’engager pour faire bouger les lignes

Assumer toutes ces missions requiert des besoins financiers conséquents que les dons, les cotisations de l’ADAG ainsi que les recettes issues des entrées du parc et du restaurant adjacents peinent à couvrir. Aussi faut-il remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier. C’est le rôle de Romain Delcommune et de ses pairs du comité de l’ADAG, tous bénévoles, d’élargir le cercle des amis du parc animalier et de trouver de nouvelles ressources qui viendront alimenter la fondation de la Garenne. À cette fin, ils battent régulièrement le pavé des marchés du samedi ou montent leur stand d’information à l’entrée du parc afin de sensibiliser les visiteurs à leur cause. Pour soutenir l’intérêt de la communauté, le comité édite par ailleurs le Journal de la Garenne et plusieurs numéros d’actualités portant sur la vie du parc envoyés à plusieurs milliers d’adhérents. Romain Delcommune consacre à ces activités une dizaine de jours de son temps libre par an. Alors si, comme lui, vous êtes sensibles à la cause animale et que vous croyez que l’engagement personnel est le moteur des grands changements, rejoignez sans hésiter la grande famille des amis de la Garenne.

Le retour à la liberté ou l’hébergement à vie

Depuis 1965, la Garenne a soigné des milliers d’animaux en détresse qui ont pu recouvrer la liberté. Le parc animalier héberge environ 150 animaux, d’une cinquantaine d’espèces sur une surface de trois hectares. Environ 80% d’entre eux proviennent du centre de soin. Il s’agit exclusivement d’individus présentant des handicaps ou des troubles les empêchant de mener une vie autonome dans la nature. La Garenne leur offre le lit et le couvert jusqu’à la fin de leur vie.

La nourriture des carnivores provient notamment des fermes environnantes qui leur réservent leurs veaux mort-nés ou des poules ayant rendu leur dernier soupir. Les gardes-faunes rapportent également au parc les dépouilles des animaux morts sur les routes. Enfin, des grossistes et des détaillants de la région donnent leurs invendus de fruits, de légumes, de viande, de poissons ou de crustacés. Rien ne se perd, tout se transforme.

Le parc se prépare à quelques heureux événements dans les prochains mois. On attend en effet les naissances de canetons (canard colvert) entre avril et mai; de cabris (bouquetins des Alpes) entre mai et juin; de marmottons (marmotte des Alpes) entre mai et juin et d’un faon (biche) entre juin et juillet.