Témoignages

Osiris: une plateforme ancienne, mais qui sait vivre avec son temps

Née dans les années 1990, la plateforme a accompagné sans accroc le processus de digitalisation de la Banque. Aujourd’hui, une constellation d’applications modernes gravite autour d’Osiris. Intervenant désormais davantage dans l’ombre que dans la lumière, Osiris continue de jouer un rôle crucial dans le traitement et le stockage des informations bancaires.
| Par Nicolas Gay-Balmaz, BCV

Osiris est le cœur du système d’information (S.I.) de la BCV. Il porte bien son nom. Celui du dieu égyptien de l’ordre cosmique, garant de la stabilité et de la continuité face au chaos. «Sans Osiris, nous ne pouvons tout simplement pas exercer nos activités bancaires», résume, pour poser le décor, Serge Messin, responsable du département Solutions IT de la DISE.

Au commencement, tout était Osiris

Osiris est né à la fin du siècle dernier. Nul ne le connaît probablement mieux qu’Amador Morilla, responsable du secteur Technologies transverses, qui a participé à ses premiers développements et accompagné son évolution jusqu’à ce jour. «Lors de son implémentation dès 1992, se souvient-il, Osiris devait constituer presqu'à lui seul le S.I. Il n'y avait pratiquement rien d'autre autour. Tous les collaborateurs et toutes les collaboratrices de la Banque étaient familiers de la plateforme, car les métiers travaillaient directement dans des applications Osiris aux interfaces minimalistes.»

Serge Messin, responsable du département Solutions IT de la DISE, et Amador Morilla, responsable du secteur Technologies transverses.

Emergence d’une constellation d’applications satellites

Au fil des ans, beaucoup de ces logiciels ont été remplacés par des solutions fonctionnellement plus avancées. Développées en dehors d'Osiris, soit en interne, soit par des prestataires externes, ces nouvelles applications ont offert plus de fonctionnalités et de confort aux utilisateurs et aux utilisatrices. Les logiciels Qasa ou Firma, utilisés aujourd’hui par les équipes de gestion des crédits, en sont des exemples parlants. Parallèlement, des applications répondant aux avancées technologiques et aux attentes de la clientèle, telles que BCV-net, BCV Mobile ou BCV TWINT, ont intégré le S.I. «Le développement de cet écosystème montre qu'Osiris n'a jamais freiné la digitalisation de la Banque», souligne Serge Messin, soucieux de dissiper un malentendu fréquent. En réalité, Osiris s'est fait de plus en plus discret avec le temps. La suppression progressive des anciennes fonctionnalités et l'intégration de nombreuses nouvelles applications ont considérablement réduit son poids dans le S.I. (voir infographie ci-contre).

Osiris, le réceptacle de toutes nos informations

Mais pourquoi, finalement, ne pas s’affranchir totalement d’Osiris, puisque la majorité des collaborateurs et des collaboratrices ainsi que la clientèle de la BCV disposent aujourd’hui d’une large gamme d’applications plus modernes et plus ergonomiques?

Parce qu’Osiris continue de jouer un rôle clé en arrière-plan des applications et des fonctionnalités bancaires courantes. «Dans une banque universelle comme la nôtre, explique Serge Messin, quelles que soient les activités exercées, toutes les transactions doivent, à un moment ou à un autre, converger au même endroit. Et à la BCV, c'est Osiris qui remplit cette fonction de centralisation.»

Interconnecté avec près de 200 applications métiers de la BCV, Osiris agit, en effet, comme un entonnoir, rapatriant, organisant et stockant toutes les données nécessaires notamment à la comptabilité de la Banque. Les informations sont acheminées selon leur finalité business dans l'un des dix compartiments d'Osiris, chacun correspondant à une grande activité bancaire: tiers, dépôts, crédits, paiements, négoce de titres, comptabilité, etc. (voir infographie ci-contre).

«Osiris n'a jamais freiné la digitalisation de la Banque. La plateforme est sujette à peu d’incidents et reste particulièrement fiable, avec un taux de disponibilité de 100%.»

Serge Messin, responsable du département Solutions IT de la DISE

Un sanctuaire pour nos données

C’est aussi Osiris qui abrite toutes les données maîtresses de la Banque, telles que les informations relatives à la clientèle et à ses opérations bancaires. «Un choix stratégique assumé dès la conception d'Osiris», précise Amador Morilla. Ce stockage centralisé assure la cohérence et la fiabilité des informations. Les applications bancaires y accèdent en fonction de leurs besoins, sans jamais dupliquer ces données, évitant ainsi tout risque de fragmentation.

En plus de ces fonctions transactionnelles et de stockage, Osiris réalise également des traitements de masse, basés sur ces données, comme les bouclements de comptes de fin de mois ou la production des avis à destination de la clientèle.

Un système ancien qui a de l’avenir

Trente ans après sa naissance, Osiris reste donc incontournable et a encore de l’avenir. La BCV ne prévoit pas de le remplacer, mais elle investit régulièrement dans des projets pour garantir sa pérennité. Parmi ces initiatives, on trouve des travaux de nettoyage technique, qui ont déjà permis de supprimer environ 17% de ses programmes qui n’étaient plus utilisés ou avaient été remplacés par d’autres applications. Par ailleurs, la faisabilité de modulariser les différentes briques d’Osiris, afin d’améliorer la souplesse du système et d’en faciliter les évolutions futures, est en cours d’évaluation (lire l’encadré). «À ce jour, Osiris reste un Core Banking System particulièrement fiable» constate Serge Messin. «À l’exception de deux week-ends par an dévolus à des mises à jour et à quelques opérations techniques, Osiris se distingue en effet par un taux de disponibilité de 100%, ce qui est rare pour une plateforme de cette envergure. Osiris se démarque aussi par sa robustesse. En matière d’incidents, il représente seulement 12% des problèmes rencontrés, alors qu’il couvre 25% des fonctionnalités bancaires. Il n’est donc pas factuel de le considérer comme un frein à l’exercice de nos activités.» (Voir infographie).

Point d’attention sur la technologie

Osiris repose néanmoins sur des technologies des années 1990 dont il ne peut s’affranchir. Il tourne sur l’infrastructure mainframe d’IBM et évolue dans un environnement de programmation appelé Cool:Gen dont l’éditeur actuel est Broadcom. «Nous devons nous assurer que ces technologies resteront disponibles à long terme. Jusqu’à présent, aucun risque d’obsolescence n’a été identifié, mais ce risque fait l’objet d’une attention toute particulière», confie Amador Morilla. Le marché des compétences dans ces technologies étant limité, la Banque a d’ailleurs mis en place un programme de formation interne pour garantir la relève et maintenir un vivier d’experts capables de travailler sur Osiris.

Osiris gagne en souplesse pour relever de nouveaux défis

Osiris reste un système fiable, robuste et nos collègues du département Solutions IT savent le faire évoluer selon les besoins de la Banque. Il présente néanmoins certaines rigidités que nos spécialistes s’efforcent de corriger.

Derrière la vitrine d’un Osiris structuré en dix domaines clés se cachent en effet plus de 13 000 programmes interdépendants, formant un bloc monolithique. De manière très simplifiée, cela signifie que, même si une seule fonctionnalité doit être modifiée, c’est l’ensemble du système qui doit être mis à jour. Cette imbrication oblige à regrouper les opérations de «release» sur deux week-ends par an, durant lesquels Osiris est arrêté.

L’objectif du département Solutions IT est de tenter de modulariser Osiris afin de pouvoir déployer plus rapidement et de manière indépendante des mises à jour ciblées dans des domaines spécifiques, comme le paiement ou le crédit, par exemple, sans affecter l'ensemble du système. À plus long terme, cette «désimbrication» pourrait également permettre de préparer une migration partielle ou totale vers d’autres solutions qu’Osiris, si une telle option s’avérait nécessaire. Sujet qui n’est pas à l’ordre du jour.

Le travail de modularisation est techniquement complexe, car il nécessite de séparer des programmes interconnectés et de les réorganiser sans perturber l'ensemble du système. Le projet de découpe a déjà débuté, avec un focus initial sur le domaine des paiements. Cette brique sera isolée d'ici l'année prochaine et nos spécialistes prévoient de tester des mises à jour spécifiques à ce module, indépendamment du reste d'Osiris. Cela permettra de valider notre approche de «désimbrication» progressive, avec pour ambition de rendre Osiris plus souple et plus efficace.