Impulsion

Les vignes du Château de Montagny passent au bio

Gérés par la maison J&M Dizerens, les 3,4 hectares entourant la vénérable bâtisse appartenant à la Banque devraient porter le label Bourgeon d’ici trois ans.
| Par Anne Gaudard, BCV

Maxime Dizerens représente la cinquième génération à la tête de l'entreprise familiale qui gère les vignes de Montagny depuis une vingtaine d'années.

La BCV est aussi un peu «vigneronne», puisqu’elle possède un domaine de 3,4 ha autour du Château de Montagny. Si la bâtisse lui sert notamment de lieu de réception, elle n’exploite pas directement les vignes qui l’entourent. C’est la maison J&M Dizerens, vignerons depuis cinq générations à Lutry qui, tout au long de l’année, s’affaire entre les rangées de ceps et à la cave.

Grande nouveauté depuis le début de l’année, le vignoble est en reconversion bio. Dans trois ans, il pourra, si tout va bien, porter le label «Bourgeon». L’initiative émane directement de la famille Dizerens qui tient à s’engager pour une viticulture toujours plus durable, en adéquation avec les attentes de sa clientèle.

Autre nouveauté, la maison Dizerens utilise aussi la cave du château. Une partie de la récolte 2022 a ainsi passé l’hiver dans les foudres de 6900 litres qui se situent dans le dos du carnotzet, souvent utilisé lors des réceptions organisées par la Banque.

Passer au bio, qu’est-ce que cela signifie concrètement? Les explications en vidéo de Maxime Dizerens, cinquième génération à la tête de l’entreprise familiale.

 
Du Néolithique à aujourd’hui


Propriété de la Banque depuis 1996, l’ancien «castrum», puisque c’est ainsi qu’il apparaît lors de sa première mention en 1325, provient de la corbeille de mariage du Crédit Foncier Vaudois, qui l’a acquis en 1903. Son histoire remonte bien au-delà du Moyen-Âge puisque des tombes du Néolithique ont été découvertes sur les terres du domaine. Construit entre la fin du 13e et le début du 14e siècle par le prieur de Lutry, le lieu fortifié abrite ses hommes, voire lui-même. À l’arrivée des Bernois et de la Réforme, les biens ecclésiastiques sont vendus et le prieur doit céder sa place au trésorier du Pays de Vaud. Le château passe ensuite entre plusieurs mains.

Chacune y inscrit son passage, modifie le bâtiment selon les usages de son époque. Du premier bâtiment, il reste aujourd’hui à l’angle supérieur ouest l’une des deux tours cylindriques. Elle a été «décapitée et couverte d’un simple pan débordant du toit principal à deux versants»(1). L’auteur du recensement des monuments de Lutry précise encore que «l’autre tour, son pendant oriental, n’apparaît plus qu’en négatif, dans l’angle coupé, remplacée par un escalier extérieur». Les reproductions montrent qu’au début du 18e siècle le bâtiment est déjà «fort modernisé».

(1) Marcel Grandjean, «Lutry, arts et monuments. Du XIe au début du XXe siècle», vol. 1, pp. 91-96. Commune de Lutry, 1990.

Gérant du Château de Montagny, David Dupertuis veille sur les réceptions, formations et autres manifestations que la BCV organise au Château.

Anecdote

Au 18e siècle, un fait divers donne des allures de Far West aux berges lémaniques. En 1706 (2), le propriétaire, Jean-Pierre Blanchet, dont la femme est la fille d’un réfugié français réformé, apprend que Louis XIV (qui a révoqué l’Édit de Nantes en 1685) envoie des pièces d’or à son armée basée à Turin via le Léman. Aidé par d’autres huguenots, des Vaudois et des Savoyards, ainsi que par les bateliers de Lutry, Jean-Pierre Blanchet s’empare du trésor. Il finira pendu à Berne.

(2) Lavaux, Patrimoine mondial, «Lavaux différemment, votre découverte de la semaine», www.lavaux-unesco.ch