Tendances

Face à la crise énergétique, la BCV a promptement réagi

Comme tout établissement bancaire, la BCV a des activités essentielles, qui ne peuvent pas cesser de fonctionner. Face aux menaces de pénurie d’énergie, la Direction générale a rapidement pris des mesures d’économie. Christian Meixenberger, responsable de la division Services (DISE), et Vlada Rey, responsable du département Infrastructures et services généraux, font un état des lieux en la matière.
| Par Carlos Mateo Llaca, BCV

Dans le contexte actuel de crise énergétique, le risque de pénurie, notamment d’électricité et de gaz, est bien réel. Des économies s’imposent donc, car, en hiver, la Suisse est importatrice d’électricité. Quant au gaz, sans les exportations de la Russie, le danger d’en manquer est grand. En outre, il faut aussi penser à économiser les énergies fossiles parce qu’elles pourraient devoir être utilisées pour produire de l’électricité.

En cas de crise, le plan OSTRAL est là

Mais nous ne sommes pas totalement démunis. Comme son nom l’indique, OSTRAL (Organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise) est une entité qui dépend de la Confédération et peut être activée sur son ordre pour lutter contre une pénurie d’électricité. Elle a été créée, il y a plus de 30 ans déjà, par l’Association des entreprises électriques suisses (AES) sur mandat de la Confédération. Son fonctionnement est simple: le Conseil fédéral décide, prend des mesures, et OSTRAL les applique. Certaines de ces mesures concernent particulièrement les gros consommateurs d’électricité, comme le sont plusieurs bâtiments de la BCV.

En cas de pénurie, OSTRAL active un plan destiné à réduire la consommation et à maintenir l’approvisionnement en électricité, c’est-à-dire l’équilibre entre la production et la consommation. Ce plan comprend quatre étapes ou niveaux de préparation:

À noter qu’OSTRAL ne s’occupe que de l’électricité. Son pendant pour le gaz est OIC Gaz (Organisation d’intervention en cas de crise), rattachée à l’ASIG (Association suisse de l'industrie gazière), qui est elle-même subordonnée à l’AEP (Approvisionnement économique du pays).

Et la BCV dans tout ça?

La BCV, qui figure dans la catégorie des gros consommateurs d’électricité, suit les recommandations à destination des ménages et des entreprises émises par la Confédération et le Canton. D’autant plus que la Banque doit faire face à de fortes contraintes, car, comme tout établissement bancaire, ses services, ses centres de calcul, qui sont qualifiés d’essentiels, ne peuvent pas cesser de fonctionner.

Face aux menaces de pénurie d’énergie, la Direction générale a donc pris des mesures d’économie d’électricité dès le mois d’octobre, en particulier:

  • extinction de l’éclairage externe et des enseignes, sauf dans certains cas, de 20h00 à 08h00 et le week-end;
  • sur les principaux sites, diminution de l’éclairage, notamment dans les locaux communs;
  • concernant les appareils, arrêt d’une partie des ascenseurs et des imprimantes;
  • augmentation progressive de la température ambiante des centres de calcul (sachant que ceux-ci produisent de la chaleur à évacuer et/ou récupérer).

Toutes ces mesures devraient permettre une économie d’électricité de 5% par rapport à 2021. À celles-ci s’ajoute, cet hiver, un paquet de mesures d’économie supplémentaires dans les centres de calcul, comme l’optimisation des équipements électriques de secours, la réduction de l’éclairage et la densification des surfaces de calculs à refroidir. Ces dispositions devraient doubler les économies évoquées ci-dessus.

De plus, la Banque est très attentive à l’évolution de la situation. Si l’approvisionnement en électricité devait se tendre et les autorités demander de relever le niveau de préparation, des scénarios seraient prêts pour lui permettre de s’adapter rapidement (voir interview ci-dessous de Christian Meixenberger et Vlada Rey).

Responsabilité collective

Mais pour l’heure, et afin d’éviter le gaspillage d’énergie, nous pouvons toutes et tous participer activement à l’application de certaines de ces mesures. Les bonnes pratiques attendues de la part des collaboratrices et des collaborateurs pour économiser l’énergie sont communiquées par divers canaux d’information (communications internes, écrans ou affichettes). Et il suffit parfois de gestes simples pour faire la différence (voir encadré).

Quelques gestes simples

Vlada Rey représente la BCV au sein de l’État-major cantonal de conduite (EMCC), qui se réunit toutes les trois semaines.

Interview de Vlada Rey, responsable du département Infrastructures et services généraux et de Christian Meixenberger, chef de la division Services (DISE)
Christian Meixenberger, quelle est la situation début décembre 2022?

Notre préparation à un éventuel contingentement est quasiment aboutie. Dans les semaines à venir, nous allons mettre sur pied notre plan en cas de délestage. Pour gérer la situation, nous avons créé, à la fin de l’été 2022, un Comité OSTRAL BCV. À l’instar de ce que nous avons fait pendant le COVID, il intègre les principales personnes concernées au sein de la Banque et s’occupe de la préparation des plans à tous les niveaux. Ce comité se réunit chaque semaine et coordonne les actions à entreprendre. Il est en contact étroit avec l’EMCC (État-major cantonal de conduite), où la BCV est représentée par Vlada Rey; celle-ci participe aux réunions de l’EMCC toutes les trois semaines. Ce lien permet de garantir, par exemple, l’approvisionnement en mazout de nos groupes de secours équipant le CAB et Saint-François via le circuit du canton.

Vlada Rey, quel est l’impact attendu des mesures prises?

Il est trop tôt pour tirer des conclusions. Nous estimons à 5% les économies d’électricité réalisées par rapport à 2021, un peu plus encore avec les optimisations en cours dans les centres de calcul. Un bilan sera fait au début de 2023, car nous aurons ainsi un trimestre complet de mesures. Je tiens à préciser que, au-delà de ce qui se voit, comme la diminution de l’éclairage – mais aussi du chauffage –, nous avons mis en place des mesures d’optimisation de la consommation électrique de nos systèmes de ventilation des bureaux et du centre de calcul. Nos partenaires qui interviennent sur le site font également des efforts, à l’instar des prestataires de restauration qui ont désactivé une chambre froide. Nous avons basculé sur le mazout comme source d’énergie pour le chauffage afin de préserver les réserves en gaz, comme le demande la Confédération. Dans la mesure du possible, nous tenons à minimiser l’impact pour les collaboratrices et les collaborateurs.

L'équipe Projets et exploitation au CAB (de gauche à droite): Didier Ovaert, Jean-Marie Bastien (Romande Energie Services), Alfredo Gómez (Romande Energie Services) et Nicolas Carrard.

L'équipe Projets et exploitation à Saint-François (de gauche à droite): Anthony Winterstein (Romande Energie Services), Gwenole Pellan (Romande Energie Services) et Christophe Vacheron.

Y a-t-il d’autres mesures à venir?

D’après les scénarios de crise du canton de Vaud, le mois de février 2023 présente le risque le plus important d’un début de pénurie. Le cas échéant, nous appliquerions alors le plan pour lequel nous sommes en train de nous préparer.

Christian Meixenberger, quid en cas de crise grave, de coupures d’électricité?

En ce qui concerne un contingentement ou un délestage, des ordonnances sont préparées par le Conseil fédéral. Nous devons désormais suivre les conférences de presse du Conseil fédéral les mercredis après-midi ainsi que la mise en application de ces ordonnances. Puis, nous appliquerons strictement nos plans. Nous n’avons d’ailleurs pas le choix, car nous figurons dans la catégorie des gros consommateurs, à l’instar de 35 000 entreprises suisses qui seraient concernées par le contingentement. Quant au délestage, toute la population suisse serait touchée par des coupures de courant de quatre heures répétées toutes les huit heures pendant au minimum une semaine. Ce dernier scénario est le pire, il est absolument à éviter. À cet effet, il faut jouer à fond le jeu des mesures volontaires. Et tout le monde participe au sein de la Banque, accepte de bon gré les contraintes et l’inconfort qui découle des restrictions. La Direction générale en est consciente et, en son nom, je tiens à remercier toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs de leur implication.

Quel est l’impact attendu des mesures prises


Il est trop tôt pour tirer des conclusions. Nous estimons à 5% les économies d’électricité réalisées par rapport à 2021. Mais nous pourrions avoir de bonnes nouvelles et augmenter ce taux. Un bilan sera fait au début de 2023, car nous aurons ainsi un trimestre complet de mesures. Je tiens à préciser que, au-delà de ce qui se voit, comme la diminution de l’éclairage ou du chauffage, nous avons mis en place des mesures d’optimisation de la consommation électrique de nos systèmes de ventilation des bureaux et du centre de calcul. Mais nous naviguons parfois à vue. Pour la petite histoire, malgré toute la technologie de pointe dont nous disposons, la surveillance du niveau de nos cuves à mazout se fait un flotteur et une échelle graduée.

Y a-t-il d’autres mesures à venir?

D’après les scénarios de crise du canton de Vaud, le mois de février 2023 présente le risque le plus important d’un début de pénurie. Le cas échéant, nous appliquerions alors le plan pour lequel nous sommes en train de nous préparer, et qui comporte plusieurs variantes, une douzaine. Mais, dans tous les cas, nous nous préparons au pire.

Quid en cas de crise grave, de coupures d’électricité?

En ce qui concerne un contingentement ou un délestage, des ordonnances sont actuellement mises en consultation par le Conseil fédéral auprès des cantons. Nous devons donc attendre le résultat de ces consultations et les décisions que prendront nos autorités cantonales. Puis, nous appliquerons strictement les mesures décidées. Nous n’avons d’ailleurs pas le choix, car, avec neuf sites, nous figurons dans la catégorie des gros consommateurs, à l’instar de 35 000 autres entités suisses. Le moment venu, tout cela sera rendu public. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’il s’agit d’un effort collectif. Et tout le monde participe, joue le jeu au sein de la Banque, accepte de bon gré les contraintes et l’inconfort qui découle des restrictions. La Direction générale en est consciente et, en son nom, je tiens à remercier toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs de leur implication.