Impulsion

Où en est l'immobilier suisse sur la route de la décarbonation?

Une étude menée par le Center for Risk Management de l'Université de Lausanne, en partenariat notamment avec la BCV, a analysé 45 000 permis de construire. Découvrez ses conclusions.
| Par Anne Gaudard, BCV

Où en est le parc immobilier suisse sur la route de la neutralité carbone? Les dynamiques de la rénovation en Suisse – rythme, coût, types de travaux – ont été identifiées par l’analyse de plus de 45 000 permis de construire délivrés en 2024 dans le pays. L’équipe du Center for Risk Management de l’Université de Lausanne (CRML) a publié, en collaboration avec E4S et en partenariat avec la BCV, un constat nuancé dans une étude intitulée Retrofitting the Future: The Costs, Timelines, and Strategies Shaping Swiss Real Estate.

Si les véhicules d’investissement immobiliers «veulent atteindre les objectifs climatiques de 2050, ils devront mobiliser en moyenne 13% de leur valeur nette, pour un total de CHF 28,3 milliards. Mais les écarts sont importants et certains acteurs devront investir bien au-delà de cette moyenne», soulignent les chercheurs dans leur communiqué.

Comment interpréter ces données et quelles pistes privilégier? Interview de deux des auteurs: le professeur Éric Jondeau, CRML, Université de Lausanne, Enterprise for Society Center (E4S) et le docteur Nathan Delacrétaz, CRML, Université de Lausanne, Quanthome. 

  • Où en est le bâtiment sur sa route vers la neutralité carbone?
  • Quel est le principal enseignement de votre étude?
  • Vous soulignez que les étapes à venir sont plus complexes, pourquoi?
  • Que doivent faire les gestionnaires de véhicules d'investissement?
  • Alors, vendre, rénover, relever ou reconstruire?
  • Quelle stratégie privilégier?

Vous voulez en savoir davantage: lisez l'étude

Interview du Dr Nathan Delacrétaz et du Prof. Éric Jondeau.
 

Center for Risk Management de l’Université de Lausanne (CRML)

Ce centre d'étude est soutenu par l'Université de Lausanne et la BCV. Il a été fondé en 2012 et est codirigé par les Prof. Éric Jondeau et Fabio Alessandrini, qui est par ailleurs responsable du secteur Recherche et développement de l'Asset Management à la BCV (lire ci-dessous).

Son but: étudier les risques systémiques qui planent sur l'économie et chercher des solutions durables pour limiter leurs impacts.

L'équipe a déjà publié de nombreuses études sur différents actifs financiers. Le secteur immobilier a notamment retenu son attention ces dernières années. Ainsi ont été créés les Press scores, qui évaluent le profil ESG (environnement, social et de gouvernance) des fonds immobiliers suisses cotés. Un indice a suivi, le Press Index, qui retrace la performance de ces fonds. Un outil à disposition des investisseurs et des investisseuses. 

Pour en savoir davantage sur les Press scores: rendez-vous sur le site du CRML

E4S

La BCV soutient Enterprise for Society Center (E4S) depuis ses débuts en 2019, depuis, en fait, que l'Université de Lausanne - au travers de sa faculté HEC -, l'Institute for Management Development (IMD) et l'EPFL ont décidé d'unir leurs savoir-faire pour aider la société à surmonter ses défis. Notamment ses défis liés à l'évolution climatique. Son but: participer à la transition vers une économie plus résiliente, plus respectueuse de l'environnement, plus inclusive, en saisissant les opportunités qu'offrent la technique et la science.

Rendez-vous sur le site d'E4S

3 questions à Fabio Alessandrini, responsable Recherche et développement de l'Asset Management

Quels sont les liens entre la BCV et l'UNIL et son centre de gestion du risque, CRML?

Constatant l'omniprésence des questions liées à la durabilité et au rôle de la finance dans ce domaine, les acteurs ont décidé de mettre en commun différentes ressources. Ce partenariat réunit la BCV, son savoir-faire et ses besoins en investissement, et l'UNIL pour tout ce qui touche à la recherche. Le CRML représente la partie exécutive de ce partenariat. Il incarne la volonté de se concentrer sur des enjeux pratiques pour l'industrie financière.

S'il fallait citer une réalisation particulière du CRML?

Je citerais les Press scores. Ils ont un impact concret sur l'industrie et ont demandé beaucoup d'efforts de recherche, notamment autour des outils à utiliser pour créer ces "notes". Nous avions par exemple commencé par des enquêtes auprès des fonds immobiliers, nous avons ensuite rendu cette évaluation des immeubles et des portefeuilles plus pérenne, exhaustive et régulière dans le temps.

En quoi ces études servent-elles aux investisseurs et aux investisseuses?

Les Press scores et le Press Index comblent un manque. Ces publications mettent à disposition des investisseurs et des investisseuses des informations qui leur permettent d'évaluer comment les fonds immobiliers suisses cotés traitent les questions environnementales, sociales et de gouvernance.

Comme ils en trouvent pour les actions par exemple. Ces données visent aussi à souligner le rôle important que l'immobilier a à jouer pour que la Suisse puisse atteindre ses objectifs en matière d'émissions de CO2. Plus globalement, ces outils doivent participer à la prise de conscience de la complexité du rôle de la finance dans cette problématique, un rôle qui n'est vraiment pas binaire, qui s'insère dans un domaine aux multiples facettes combinées à des contraintes financières.