Conjoncture et Perspectives: une vitrine de la Banque

C’est un rendez-vous incontournable lorsque les feuilles tombent et que vient la bise. Conjoncture et Perspectives réunit chaque automne, depuis 2001, la Banque, une partie de sa clientèle et des représentants et des représentantes des sphères économique et politique vaudoises autour d’un thème qui se veut le reflet des préoccupations du moment. Ce qui en fait «une passionnante plateforme d’échanges et de réflexion», comme l’a souligné Pascal Kiener en introduction de cette édition 2024. Un millier de personnes étaient ainsi réunies le 13 novembre dernier autour des défis de la transition énergétique. «Un impératif», a rappelé le CEO, car «afin de limiter les effets du réchauffement climatique, la Suisse doit ramener à zéro ses émissions nettes de gaz à effet de serre à l’horizon 2050». Soit: demain.

À chacun son rôle

«Notre canton dispose aussi d’un Plan Climat», a rappelé Pascal Kiener. Et d’évoquer la nouvelle loi cantonale sur l’énergie, qui soulève déjà des discussions animées. Le monde bancaire n’est pas absent de la liste des protagonistes. Il «peut et doit jouer son rôle. Il peut accompagner la transition énergétique en contribuant à son financement.» Et d’ajouter que la BCV est «déjà pleinement engagée dans le processus (voir encadré ci-dessous).

Durant la manifestation, les notions de décarbonation, d’électrification, de sécurité d’approvisionnement ont été déclinées sous l’angle économique avec Antje Kanngiesser, CEO d’Alpiq, juridique, avec Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre française de l’Environnement et députée européenne, et de l’innovation, voire de l’émotion, avec l’éco-explorateur et entrepreneur Raphaël Domjan.

Investir, encore, plus

Les investissements, a insisté Antje Kanngiesser, doivent soutenir le développement non seulement des énergies renouvelables et des moyens de stockage de l’électricité produite, mais aussi des infrastructures, en d’autres termes le réseau, pour assurer la sécurité énergétique du pays. Elle constate que les sommes investies ont fondu depuis 1950 et le lancement de l’épopée des barrages. Elles sont passées de 4% à 0,25% du PIB. La Suisse, a-t-elle encore souligné, doit, pour diminuer sa dépendance énergétique, non pas s’isoler, mais s’intégrer. Et de plaider pour la signature d’un accord avec l’Union européenne.

Devant ces besoins en investissements, les marchés financiers sont encore en mode d’observation, a résumé Sébastien Gyger, CIO de la BCV, en présentant ses perspectives économiques.

Une transformation soutenue par le droit

Au terme de transition énergétique, Corinne Lepage préfère celui de transformation. Elle a démontré le rôle croissant que joue le droit dans ce mouvement indispensable. Pas seulement comme source de blocage, mais surtout comme accélérateur de cette transformation par une jurisprudence et des législations qui engagent tant les États, que les entreprises. D’ailleurs, note-t-elle, le droit climatique s’intéresse toujours davantage aux entreprises. Elle rappelle que, dans le monde, plus de 2000 procès sont en cours avec le climat comme objet de litige. Et le curseur sur l’interprétation des traités signés de se déplacer vers plus de sévérité, a-t-elle encore démontré. Elle s’est ensuite arrêtée sur la notion d’acceptabilité par la population des changements induits par la transition énergétique. Les oppositions à tout projet ne baisseront pas tant qu’un sentiment d’injustice flotte, insiste-t-elle.

Vaud et le solaire

Raphaël Domjan a finalement emmené l’assemblée au-delà des nuages avec ses aventures solaires, que ce soit Planet Solar, son tour du monde en bateau solaire, ou SolarStratos, son avion solaire qui vise la stratosphère. Un envol pour rappeler l’importance de la solution solaire, mais aussi l’importance de la place de l’innovation, de savoir garder «un esprit pionnier». En Suisse et dans le canton de Vaud.