Développer des poches d’excellence
Quand on évoque les défis auxquels est confronté son département, impossible de ne pas évoquer la gestion indicielle qui est un axe de développement stratégique de la BCV. Peu coûteuse et transparente, elle répond aux attentes croissantes d’investisseurs institutionnels de plus en plus professionnels, épaulés par des consultants. La BCV s’y est installée, consciente qu’il s’agit d’un passage obligé. Mais la différenciation se joue dans des «poches d’excellence» qui font la réputation de la Banque: l’immobilier coté et les actions suisses, où l’expertise est reconnue; les actions émergentes, encore discrètes, mais performantes; des solutions innovantes, comme l’or physique traçable, ainsi que la réplication de hedge funds; enfin, l’obligataire, qui reste un domaine d’expertise malgré des taux durablement bas. «L’objectif, résume Yves Crausaz, c’est de développer de petites équipes capables de réaliser des choses extraordinaires.»
Les marchés, école de l’humilité
S’il ne se départit jamais de sa bonne humeur, Yves Crausaz ne nie pas la pression inhérente à sa fonction. «Une grosse partie des actifs que nous gérons constituent, au bout du compte, la retraite de milliers de personnes.» Cela impose beaucoup de prudence, de discipline et un grand sens des responsabilités, d’autant que, rappelle-t-il avec humilité, «la seule chose que nous ne maîtrisons pas dans nos métiers, c’est l’évolution des marchés». L’expérience, la théorie financière et les outils modernes de gestion permettent d’objectiver les choix, mais ils ne remplacent ni le bon sens ni la capacité à se remettre en question. «Il faut avoir des convictions, mais jamais de certitudes», insiste-t-il, évoquant quelques anomalies récentes, qui défiaient toute logique pour les investisseurs comme pour la littérature financière, telles que les taux négatifs ou le pétrole coté au-dessous de zéro.