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Angélique Chatton, la tête dans les étoiles et les pieds sur terre

Elle a exploré les confins de l’univers avant de redescendre sur terre pour creuser la notion de durabilité. En charge de la Responsabilité sociale d’entreprise (RSE), Angélique Chatton vit son engagement au quotidien.
| Par Anne Gaudard, BCV

De la tête dans les étoiles aux pieds sur terre. Le parcours d’Angélique n’est pas balisé. Loin de là: il ancre la responsable de la RSE à la BCV bien dans son temps. Elle n’est ainsi pas tombée tout de suite dans l’univers de la durabilité, de la Responsabilité sociale d’entreprise. Née en 1990 à Meyrin de parents romand et savoyard, cette Lémanique pure souche avance au rythme de ses passions.

Bac en France. Fac à Lausanne. À l’EPFL, elle choisit la physique. Et plus précisément, la cosmologie. «Je voulais comprendre les mécanismes à l’origine de l’univers.» Elle travaille sur la masse du boson de Higgs alors même que le CERN confirme l’existence de cette particule élémentaire en 2012 à Genève. Cette quête des origines l’amène à faire un détour par Hong Kong où elle étudie deux semestres. Elle se découvre alors un fort intérêt pour l’Asie.

Entrée dans la banque

Mais le boson de Higgs ne sera pas son compagnon de vie. Elle redescend sur terre. Et entre dans le milieu bancaire par la porte de la société de services de l’activité de gestion de fortune du Groupe Crédit Agricole, Azqore. Elle plonge dans le monde de la réglementation financière et accompagne des banques clientes dans différents projets. Il n’est toujours pas question de RSE, mais on s’en approche.

Fin 2016, la BCV surgit sur sa route. Elle est embauchée comme conseillère en projet stratégique dans l’équipe de Joao Brinca. Son quotidien la transporte dans les méandres de la fiscalité US ou sur les axes stratégiques du Trade Finance. Puis, en 2019, elle se lance dans la stratégie RSE de la Banque.

«L’intérêt pour l’environnement et le développement durable remonte à plusieurs années; j’ai cependant plus récemment pris conscience de l’ampleur de l’enjeu.»

«À la maison, nous alimentons nos discussions d’articles, d’échanges, de reportages et, ces temps-ci, de reportages historiques pour mieux comprendre comment nous sommes arrivés au monde qui nous entoure.»

L’environnement en point de mire

Que ce chemin s’ouvre à Angélique n’est pas un hasard. Elle a en effet suivi un CAS en cours d’emploi au Graduate Intitute, l’Institut des hautes études internationales et du développement, à Genève. Le thème de ce Certificate of Advanced Studies: Environnemental gouvernance and policy making. On y est. Oui, mais «l’intérêt pour l’environnement et le développement durable remonte à plusieurs années, j’ai cependant plus récemment pris conscience de l’ampleur de l’enjeu».

Foin de seuls constats. Son adage, c’est l’action. Elle s’interroge. «Comment agir concrètement?» Sa formation lui avait ouvert les champs du possible en matière de leviers politiques et économiques. La signature de l’Accord de Paris remontait à quelques années déjà, mais peu de mesures concrètes émergeaient. La question était: qu’est-ce qui pouvait faire bouger les États, les entreprises? Une interrogation qui coïncide avec les réflexions de la BCV. Elle saisit l’occasion. Et planche sur la Responsabilité sociale d’entreprise, désormais une des priorités stratégiques de la Banque. Une fois les grandes lignes dévoilées aux collaborateurs, elle est nommée Responsable RSE.

Une réalité au quotidien

Au fait, comment vit-on au quotidien avec un tel titre sur sa carte de visite? Elle éclate de rire. Et en convient. «Ce n’est pas facile, mais à la maison, nous en discutons beaucoup». Il y a des pas plus évidents que d’autres. Surtout si, comme elle, on apprécie la marche en montagne ou les balades à vélo ou que l’on ne craint pas de vivre dans un appartement moins chauffé. Et il y en a d’autres plus difficiles à appliquer au pied de la lettre. Surtout si l’on aime le shopping ou que l’on est passionnée par l’Asie. «Je n’ai pas repris l’avion depuis trois ans. Peut-être que ce sera pour l’an prochain.» Elle avoue avoir ainsi redécouvert la valeur du voyage. Et espère que, collectivement, l’on appréciera les joies du slow travel, la valeur des savoir-faire locaux et l’importance des liens sociaux.

La durabilité, le thème apparaît également en filigrane de plusieurs de ses nombreux intérêts. «À la maison, nous alimentons nos discussions d’articles, d’échanges, de reportages et, ces temps-ci, de reportages historiques pour mieux comprendre comment nous sommes arrivés au monde qui nous entoure.» Et donc comment la société peut évoluer en assurant le maintien d’un environnement vivable tout en conciliant les dimensions économiques et sociales.

«Tout va ensemble, choix politiques, travail, vie quotidienne: pour que nos sociétés s’orientent vers plus de durabilité et de résilience, elles doivent reposer sur une vision de l’avenir et des valeurs partagées». Et de conclure: «la crise du coronavirus nous amène à nous interroger sur la société dans laquelle nous voulons vivre et à prendre conscience de ce qui compte vraiment. Ce peut être un tournant positif pour le développement durable».

Si elle était…

Une personnalité: «Aurélien Barraud (photo en haut à gauche) m’inspire beaucoup. Astrophysicien et cosmologiste français, il est également très engagé sur les questions environnementales. Ses analyses sont d’une grande pertinence et, en général, je les partage».

Une montagne: «la vue depuis le Basset (combe de l’A), au-dessus de la Fouly, est incroyable (photo en haut à droite)».

Un pays: «le Costa Rica (photo en bas à gauche) est intéressant. Pays fortement exposé aux risques climatiques, c’est l’un des plus avancés sur les plans de l’écologie et de l’autonomie énergétique. Je n’y suis en revanche jamais allée.»

Une valeur: «l’humilité»

Un plat: «une soupe»

Une musique: «un classique, Pink Floyd, Wish you were here».