Impulsion

Culture et sport: entre soulagement et incertitudes

En mars, la pandémie a brusquement éteint les scènes et les stades du pays. Comment nos partenaires ont-ils résisté au choc et s’adaptent-ils après six mois de crise?
| Par Belen Tartaglia, BCV

Musées fermés, festivals annulés, saisons renvoyées, championnats stoppés. La tornade du COVID-19 n’a pas épargné les acteurs culturels et sportifs du canton. Encore étourdis par la crise, ils ont dû prendre la mesure des dégâts financiers, puis se retrousser les manches pour construire l’avenir.

La bonne surprise est venue des sponsors, qui, pour la plupart, ont maintenu leur soutien, et du public. Le Théâtre du Jorat à Mézières a ainsi pu compter sur près de 50 000 francs issus de la billetterie non remboursée. Quant au Cully Jazz Festival, ce sont 60% des spectateurs qui ont fait don de leurs billets. «On savait que le capital sympathie envers le Festival était grand, mais c’était agréable de découvrir à quel point. Cela nous a portés pour aller de l’avant» se souvient son directeur, Jean-Yves Cavin. Quant au Lausanne-Sport, c’est son passage en Super League et ses retombées financières, notamment, qui vont permettre de limiter la casse.

« Le soutien de nos partenaires est une chance », pour Michel Caspary, directeur du Théâtre du Jorat

« On doit repartir de zéro », avoue Jean-Yves Cavin, directeur du Cully Jazz Festival

Avenir rime avec incertitudes

Et maintenant? « On essaie d’anticiper, mais le cadre bouge tout le temps, explique Jean-Yves Cavin. Si nous voulons continuer à jouer notre rôle d’acteur culturel, nous devons imaginer un festival plus petit, certes, avec un budget plus modeste, mais viable. Cela requiert une haute dose de réflexion et de créativité. Nous devons obligatoirement nous réinventer. » À l’image de ce qui a été fait avec le Cully Jazz à la plage en juin: un week-end de concerts avec public limité, rapidement mis en place dès que cela a été possible. « Nous avons été les premiers à annuler un festival, nous voulions être les premiers à reprendre. »

De son côté, le Théâtre du Jorat a pu inclure dans la nouvelle programmation des spectacles reportés et envisage deux options – et donc deux budgets – pour une réouverture dans le respect des consignes sanitaires. « On ignore si le public répondra présent. Notre billetterie n’ouvre qu’en novembre. Cela nous laisse le temps de suivre ce qui se passera dans les autres théâtres » précise son directeur, Michel Caspary. Les alternatives envisagées pour l’instant sont d’ouvrir à capacité réduite (600 places au lieu des 1 000 habituelles) ou de maintenir la pleine capacité avec masque obligatoire pour tous.

Au Lausanne-Sport, la reprise, tout d'abord à huis clos, est une réalité, mais les incertitudes sont les mêmes. À chaque nouvelle annonce du Conseil fédéral, il faut établir un plan de sécurité, le faire valider par le Canton, puis le mettre en œuvre. «C’est compliqué et coûteux. Mais nous avons choisi de ne pas nous plaindre et de garder un esprit sportif. Le footballeur ayant souvent valeur d’exemple, notamment chez les jeunes, nous nous devons d’être exemplaires» précise Vincent Steinmann, directeur commercial et marketing du LS.

Du positif dans la crise?

«Clairement non!, s’exclame Michel Caspary, c’était un gros coup de blues de voir le Théâtre et ses environs vides, alors que la saison devait battre son plein.» Jean-Yves Cavin est plus nuancé: «J’ai appris beaucoup de choses, par exemple à annuler un festival, plaisante-t-il, et surtout à me connaître moi-même et à mobiliser des compétences insoupçonnées.» Pour Vincent Steinmann, le LS a prouvé qu’il était un club qui pouvait aller de l’avant, même dans des circonstances défavorables. «Nous sommes fiers d’avoir atteint notre objectif, qui était de reprendre le Championnat et de passer en Super League.»

Soulagement pour tous

Les élans de solidarité, additionnés aux différentes mesures d’aide mises en place par la Confédération et le Canton, devraient permettre de présenter des comptes presque équilibrés pour 2020. Un soulagement pour tous. «La culture et l’événementiel, c’est aussi une économie importante. Le Théâtre génère environ 1,5 million de francs dans la région» rappelle Michel Caspary. Vincent Steinmann va dans le même sens: «À l’échelle suisse, le foot représente des milliers d’emplois directs ou indirects. On a la responsabilité de continuer.»

« On a choisi de positiver », relève Vincent Steinmann, directeur commercial et marketing du Lausanne-Sport

Comment la BCV a-t-elle soutenu ses partenaires?

«Si cette situation exceptionnelle a fortement ralenti nos activités de sponsoring, elle ne les a pas remises en cause. La BCV s’est montrée solidaire de ses partenaires en honorant une partie des montants contractuels, malgré les annulations d’événements. Lorsque cela a été possible, elle les a aussi soutenus en matière de communication, par exemple sur les réseaux sociaux.» 

Daniel Herrera, responsable Médias & Communication.

Au musée en sécurité

Le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne a fait front en bataillant pour que l’offre initialement prévue soit maintenue, en prolongeant ou en déplaçant à l’année suivante certaines expositions. L’institution a retrouvé une partie de son public dès la réouverture en mai. Les espaces généreux du bâtiment y sont certainement pour beaucoup, permettant des visites dans les conditions habituelles, tout en respectant les recommandations de l’OFSP. « La fréquentation, certes plus basse qu’habituellement, est bonne et le bilan jusqu’ici est positif. Cela nous permet d’envisager l’avenir assez sereinement » se réjouit Aline Guberan, responsable de la communication.

Pour maintenir le lien avec son public pendant la fermeture forcée, le MCBA a développé et lancé le MCBA toque à votre écran, une activité ludique, créative et pédagogique pour petits et grands autour d’une œuvre d’art de la collection. Le succès a été tel que le Musée a décidé de la garder dans son offre. Un héritage positif de la pandémie.

Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne: hall central avec œuvre de Giuseppe Penone, Luce e ombra, 2011