Dossier

La Prévoyance professionnelle, autre pilier de la DAMT

Pour relever les défis posés par des mutations tant structurelles, technologiques que réglementaires, les activités liées à la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) ont été regroupées en département au sein de la division Asset Management et Trading (DAMT). Datant de la fin des années 70, cette palette globale de services a permis à la BCV de s’imposer comme un acteur de référence en Suisse.
| Par Anne Gaudard, BCV

La demande est venue de chefs d’entreprise vaudois: et si la BCV créait un outil de prévoyance? En 1978, la Banque se lance ainsi dans ce monde avant même que la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle (LPP) soit sous toit à Berne. Une fondation collective voit le jour. Elle sera l’embryon de l’Asset Management (AM), l’activité de gestion d’actifs de la Banque. Depuis, l’activité s’est étoffée, diversifiée et a permis à la BCV de s’imposer comme acteur de référence dans l’univers du deuxième pilier en Suisse romande, voire en Suisse. Et, à l’interne, c’est désormais un département au sein de la division Asset Management et Trading (DAMT).

Service global de longue date

Après être passée par la division Finances et risques (DFR) sous l’appellation Fiscalité et prévoyance, la Prévoyance professionnelle a rejoint cette année la DAMT, division désormais dirigée par Fabrice Welsch, ancien responsable du département Fiscalité et prévoyance au sein de la DFR. «Ce rattachement permet d’offrir un service global tant dans le domaine administratif que des placements aux caisses de pensions et aux clients de l’AM», explique le chef du nouveau département Francis Bouvier. Et de poursuivre: «d’ailleurs, depuis de nombreuses années, nous sommes le seul acteur bancaire de la place intégralement équipé en prévoyance professionnelle».

Trois pôles d’activités

Et pour remplir son rôle, l’équipe est organisée en trois pôles d’activités (organigramme ci-dessous) pour répondre à la carte aux différents besoins de plus de 1000 entreprises et 30 000 assurés. La clientèle trouve ainsi à la BCV de quoi gérer sa caisse de pensions, des services de comptabilité pour chaque type d’acteurs institutionnels, un cabinet d’actuariat ou encore la possibilité d’intégrer des fondations collectives ou communes (lire encadré ci-dessous). Sans oublier une offre en formation. Car le monde de la prévoyance, qui comprend encore beaucoup de miliciens, évolue sur des routes sinueuses.

Francis Bouvier est le responsable Prévoyance professionnelle, nouveau département de la division Asset Management et Trading (DAMT).

Au service des entreprises

Il est vrai que la gestion du deuxième pilier de la prévoyance vieillesse suisse – le plus important pour une grande majorité des employées et des employés – constitue un défi toujours plus grand pour les entreprises. Le monde LPP se complexifie dans un environnement vieillissant, financièrement volatil et toujours plus encadré juridiquement. D’où la demande croissante en services et savoir-faire divers. D’où, aussi, la diminution drastique du nombre de caisses de pensions ces dernières années. Elles ne sont plus que 1500 environ aujourd’hui, soit plus de 60% de moins qu’à l’entrée en vigueur de la loi (voir timeline ci-dessous). «Dans ce contexte, nous devons nous assurer que les différentes parties prenantes – organes dirigeants, employeurs, employés – prennent les décisions les mieux adaptées pour la pérennité de leur fondation», résume Francis Bouvier.

Entre réformes législatives et digitalisation

Le changement de statut de la prévoyance professionnelle a permis d’engager une Product Manager. Quant à l’équipe commerciale – trois personnes sous la houlette d’Emmanuel Cabrita –, elle reste affiliée au département Asset Management. L’équipe est ainsi prête à affronter l’avenir. «Nos défis sont de plusieurs natures», explique Francis Bouvier. «Nous devons, comme tout un chacun, suivre les évolutions structurelles et technologiques. La digitalisation est entièrement réalisée que ce soit pour les employés ou les assurés. Et notre clientèle l'adopte progressivement.»

À cela s’ajoutent des défis plus spécifiques, comme l’adaptation aux changements législatifs, actuariels et réglementaires. Que l’on parle de calcul des prestations auxquelles les assurés auront droit au terme de leur carrière ou de la justification des risques pris en matière de placements auprès des organes de contrôle. Mais pas seulement. «À chaque fois, ou presque, qu’une loi change dans le domaine social, il y a un lien avec le monde professionnel, donc de la prévoyance. Nous devons adapter l’ensemble de nos services et de notre offre». Idem pour tout ce qui concerne les placements, qui constituent ce que l’on appelle le tiers cotisant, soit la part apportée par les marchés, après celles versées par l’employeur et par l’employé. Dans ce domaine, les défis se nomment notamment quête de rendement en période de taux bas et investissements durables.

Et puis, il y a bien sûr le serpent de mer qu’est la révision de la prévoyance en Suisse. L’ensemble du département est ainsi prêt à se mettre à l’heure du nouveau cadre réglementaire. Reste à savoir quand une réforme parviendra à fédérer les Suisses.

«La digitalisation est entièrement réalisée que ce soit pour les employés ou les assurés. Et notre clientèle l'adopte progressivement.»

Francis Bouvier

Historique de la prévoyance professionnelle en Suisse

Services à la carte pour les caisses de pensions

Les entreprises, collectivités publiques et autres organisations soumises à la LPP, qui réfléchissent à comment gérer leur caisse de pensions, peuvent trouver à la BCV une solution à leurs besoins, quels qu’ils soient. Cet ensemble de services s’inscrit en fait dans les missions cantonales de la Banque, rappelle Francis Bouvier.

Une entreprise peut aujourd’hui administrer sa caisse de pensions seule en donnant à gérer sa fortune à la Banque. Elle peut aussi décider d’intégrer une fondation collective. À la BCV, trois solutions s’offrent alors à elle.

Avena

L’entreprise cliente peut intégrer Avena Fondation 2e pilier, le vaisseau amiral du département Prévoyance professionnelle. Avena, c’est en fait le nouveau nom, depuis 2019, de la Fondation commune BCV deuxième pilier, un changement notamment lié à l’évolution du paysage LPP.

L’entreprise décide alors de confier entièrement les rênes de la gestion de sa prévoyance professionnelle à une structure extérieure. Une solution qui sied notamment aux PME, aux fondations ou encore aux avocats et notaires.

Avena met en commun l’administration et la fortune de ses membres, des tâches assumées par le département Prévoyance professionnelle. Elle est dirigée par un Conseil de Fondation qui regroupe des représentants des employés et des employeurs de ses membres. Elle délivre ainsi la commission de prévoyance de l’entreprise du poids de la responsabilité de la conduite de cette épargne, un élément qui n’est aujourd’hui pas anodin pour les membres, souvent miliciens. Tout comme ne sont pas anodins les frais liés aux exigences législatives ou technologiques. La question du recours à une fondation collective est d’autant plus d’actualité pour une entreprise, que les ressources humaines n’ont plus le droit d’informer leurs employés sur leurs avoirs LPP. Avena propose ainsi un service en ligne pour renseigner tant les entreprises que leurs assurés.

Fondation propre

L’entreprise cliente peut aussi se tourner vers l’option Fondation propre gérée par la BCV, comme une quinzaine de caisses représentant 17 000 assurés d’entreprises moyennes à grandes. Avec une structure juridique propre, un conseil pleinement responsable, elle bénéficie d’un service à la carte fourni par les spécialistes du département Prévoyance professionnelle.

FCPE Pensio

L’entreprise cliente peut encore choisir d’intégrer la FCPE Pensio, comme une dizaine de sociétés de plus de 10 millions de capitaux de prévoyance représentant 1100 assurés. La spécificité? La fondation met en commun la gestion administrative, mais propose une gestion de fortune séparée pour chaque entreprise.

Ils travaillent pour la Prévoyance professionnelle

Renato Carnello
Gestionnaire en prévoyance professionnelle, Avena

«Je travaille depuis plus de 30 ans dans la prévoyance professionnelle. Le métier de gestionnaire a profondément changé. En 1987, quand je suis arrivé à la Fondation, nous étions une douzaine pour facturer les cotisations, pour opérer les transferts de libre-passage, pour calculer les prestations de retraite, d’invalidité et de décès. Depuis, la Banque a rapidement permis le développement de l’offre, des effectifs, de la clientèle et des compétences. Aujourd’hui, les assurés sont beaucoup plus demandeurs d’informations que ce soit pour une éventuelle retraite anticipée, pour la planification de leur retraite ou encore pour l’amélioration des prestations. Le gestionnaire en prévoyance professionnelle est désormais un généraliste aux compétences juridiques, fiscales ou encore financières. Les assurés qui nous appellent ont globalement 45 ans ou plus. Les jeunes ne saisissent pas encore suffisamment la nécessité de s’intéresser tôt à leur prévoyance. Notre métier est un intéressant point d’observation des changements sociétaux. Quand j’ai commencé, les assurés étaient généralement des hommes travaillant à 100% dans la même entreprise. Aujourd’hui, les personnes sont plus mobiles professionnellement parlant, les temps partiels augmentent et les tâches sont réparties dans les familles. La prévoyance professionnelle ne s’est pas totalement adaptée à ces nouvelles habitudes, certains assurés se retrouvent ainsi pénalisés. Si je devais citer un défi à relever par la prévoyance professionnelle, ce serait celui de s’adapter constamment à ces évolutions – mises à jour légales, exigences de surveillance, évolutions socio-économiques, attentes des parties prenantes. La prévoyance professionnelle formera encore longtemps le cœur du système des trois piliers de la prévoyance vieillesse, invalidité et décès, mais elle devrait connaître encore des changements importants.»

José Marco
Actuaire IT

«Je suis l’évolution des projets du département tant du point de vue légal que technologique. Coordinateur entre l’actuariat et l’informatique, je peux dialoguer avec mes interlocuteurs tant sur des sujets de fiscalité, sur les aspects légaux ou mathématiques de la prévoyance que sur l’évolution technologique des plateformes IT. Différentes casquettes très utiles alors que le monde de la prévoyance est en plein processus de digitalisation. Quand je suis arrivé en 2009, nous n’avions même pas un serveur, aujourd’hui nous gérons cinq portails web et plusieurs serveurs physiques, nous sommes connectés à SAP pour les aspects comptables, à un archivage électronique pour le stockage de nos documents ou encore à l’AVS pour tout ce qui concerne les attestations de vie de nos rentiers. Cette automatisation répond aussi à la demande de nos clients de passer à un monde sans papier. Un exemple? Nous enregistrons annuellement 500 000 PDF avec reconnaissance automatique de texte dans notre GED (Gestion électronique des documents). Mon principal défi est d’accompagner les personnes à l’interne et à l’externe dans ce changement. La digitalisation implique une nouvelle manière de travailler, une nouvelle manière d’entrer en contact avec les assurés. Car rien ne sert de créer des portails si l’on ne répond pas à un besoin de marché. Nous observons un réel besoin de contact, d’interactivité auprès des assurés ou des employeurs. Chaque catégorie a son portail avec les outils qui lui sont utiles. Avena propose ce service depuis un an environ et se prépare à le déployer sur l'ensemble de ses assurés d'ici la fin de l'année.»

Fabrice Aegerter
Responsable Comptabilités institutionnelles

«Nous sommes six dans le service des Comptabilités institutionnelles pour tenir les comptes des caisses de pensions et autres fondations de prévoyance. Nous assurons un des services de l’offre globale de la Banque en matière de prévoyance professionnelle. Comptables de formation, nous avons dû pratiquement toujours apprendre les spécificités de cette branche sur le terrain. La prévoyance n’est, en effet, abordée que de manière brève et succincte dans les différents cursus de formation. C’est une matière qui a fortement évolué – et qui évolue toujours autant. Je suis arrivé en 2003 à la Banque – et d’ailleurs dans ce monde spécifique qu’est la prévoyance. Alors, chaque caisse, chaque fondation présentait ses comptes à sa manière, avec une grande liberté. Or, depuis 2005, les normes Swiss GAAP RPC 26 encadrent de manière méticuleuse la présentation des comptes des institutions de prévoyance, les informations que nous devons fournir sont nombreuses et précises. Par ailleurs, nous avons passé d’une comptabilité relativement artisanale à une toujours plus grande automatisation. Les solutions informatiques que nous utilisons permettent à une grande proportion des écritures comptables d’être intégrées automatiquement dans les comptes. Une part de notre activité sort du monde de la prévoyance puisque nous tenons également tout ou partie des comptes de fondations d’utilité publique ou de clients qui ne possèdent pas certaines expertises dans leurs équipes. Cette activité, qui se rapproche de ce qu’offre une fiduciaire en matière de tenue de comptabilités à ses clients, est peu connue dans notre établissement. Or, ces compétences existent de longue date à la BCV. Nous sommes une équipe soudée au sein d’un département solidaire, qui fonctionne comme une PME au sein de la Banque, qui a la chance d’évoluer dans un domaine pointu, en constante évolution et, donc, passionnant.»

Ana Maria Sixto
Product Manager

«J’avoue que, comme beaucoup, je ne connaissais pas tout ce que recouvrait le terme de prévoyance professionnelle avant d’arriver le 1er janvier 2021 dans le nouveau département. Je n’imaginais, par exemple, pas que toute la chaîne de la prévoyance était gérée de A à Z par les différents services du département. J’apprécie le fait que nous soyons en contact tant avec des personnes physiques qu’avec des personnes morales, quelle que soit leur forme juridique. Je réalise ainsi que les entreprises sont le fil conducteur de ma carrière – presque 21 ans en deux tranches à la BCV avec, entre les deux, une «infidélité» de 5 ans dans une grande banque. En passant de la division Entreprises à la Prévoyance, je garde un pied dans le monde des entrepreneurs, je retrouve d’anciens clients avec une autre casquette. La tâche de Product Manager peut être très différente d’un département à l’autre. Comme le poste vient d’être créé, tout est à construire. C’est motivant de pouvoir, par exemple, développer la stratégie de communication et de vente tant à l’interne qu’à l’externe, la palette des profils à toucher est très vaste. Concrètement, je m’occupe du marketing, de la communication ainsi que du soutien à la vente d’Avena. Mais, je réponds aussi à des besoins spécifiques en matière de marketing tant pour l'activité même du département que pour certaines fondations que nous gérons. Autre aspect intéressant, je suis arrivée en plein processus de digitalisation. Notre mode de fonctionnement change, celui de nos clients aussi. Nous ajoutons une approche plus digitale à notre offre, ce qui nous permet d’envisager d’autres horizons en ce qui concerne notre clientèle. Je suis ainsi heureuse de découvrir d’autres activités de la Banque et donc d’autres personnes. Nous sommes une magnifique équipe avec des profils extrêmement différents. C’est très enrichissant.»