Tendances

C’est la der des ders pour passer à la QR-facture

Les bulletins de versement disparaîtront au soir du 30 septembre prochain. Si pour la majorité des consommatrices et consommateurs le changement est minime, pour les entreprises, cette nouvelle étape de l’harmonisation du trafic des paiements demande anticipation et planification. Or certaines n’ont toujours pas fait le pas…
| Par Anne Gaudard, BCV

Le sablier s’écoule inexorablement… le 1er octobre approche. À cette date, les bulletins de versement auront disparu du paysage suisse des paiements. Beaucoup d’entreprises ont déjà procédé à la mise à jour de leurs outils et processus de paiement et de facturation. Preuve en est le nombre croissant de QR-factures que l’on reçoit désormais dans nos boîtes e-mail ou aux lettres. Pour celles qui n’ont pas encore fait le pas – elles étaient encore 17% en octobre dernier à n’avoir encore rien planifié, selon un sondage gfs.bern –, le temps presse. Au risque de constater que leur clientèle ne pourra plus les payer dès le 30 septembre, car les bulletins rouges ou orange ne pourront plus être traités par leurs partenaires financiers.

Langue commune

La QR-facture? C’est le nom désormais donné au document standardisé qui remplace les différents bulletins de versement utilisés en Suisse. C’est, en fait, la partie la plus visible de l’harmonisation du trafic des paiements, vaste chantier de la place financière suisse rendu nécessaire par l’accroissement des exigences réglementaires, l’internationalisation des échanges financiers ou encore la numérisation de l’économie. Cette modification en profondeur de l’organisation du système de paiement se base sur l’adoption par tous les acteurs de la chaîne de valeur de la norme ISO 20022, norme internationale pour l’échange de données électroniques dans le secteur financier. Ainsi, prestataires de services de paiement, établissements financiers, entreprises, tous parlent désormais la «même langue». Et l’introduction de la QR-facture en est le chapitre actuel.

Swiss QR-code

Le but du remplacement des BV et autres BVR par la QR-facture vise à simplifier, standardiser et sécuriser le processus de paiement et l’échange de données qui lui est lié. Comme son nom l’indique, elle se caractérise notamment par la présence d’un QR-code contenant les informations nécessaires à la réalisation du paiement. Appelé Swiss QR-code et identifiable par la présence d’une croix suisse en son milieu, il permet le déclenchement simplifié des paiements pour qui saisit ses paiements par une application bancaire ou un lecteur optique. Cela dit, les données restent lisibles pour qui utilise d’autres modes de paiement (guichet postal, ordre bancaire, etc.).

Parmi les spécificités de la QR-facture figure l’utilisation unique du format international IBAN pour indiquer les comptes concernés par la transaction. D’ailleurs, si toutes les entreprises n’ont pas encore passé à la QR-facture, l’utilisation de l’IBAN en lieu et place du simple numéro de compte s’est fortement généralisée au sein des entreprises, toujours selon le sondage lancé par l’organisme de services financiers qui chapeaute l’harmonisation du trafic des paiements, SIX. Les autres informations nécessaires à la concrétisation du versement, comme le numéro de référence ou les communications, continueront à être proposées selon les besoins de l’émetteur.

 
Processus à préparer

Pour les consommatrices et consommateurs, le changement est minime, puisque les outils utilisés pour saisir les paiements ont été adaptés, à l’instar des dispositifs compris dans l’e-banking. Tout au plus s’agit-il de s’habituer à cette nouvelle présentation moins colorée des factures, d’adapter ses ordres permanents, voire d’être rassuré sur son bon fonctionnement. Pour les entreprises et autres entités procédant à des facturations, en revanche, selon leur volume de facturation, le processus peut s’avérer long. D’où l’urgence de planifier son passage dans ce nouveau monde du paiement.

L’introduction de la QR-facture demande notamment aux émettrices et émetteurs de factures l’adaptation de leur logiciel de facturation, voire de leur système de comptabilité. L’entreprise doit ainsi pouvoir émettre et enregistrer les factures sous ce nouveau format. Un changement qui souvent ne demande pas forcément beaucoup d’investissements, si ce n’est… en temps.

Surtout si l’entreprise a plusieurs partenaires financiers ou émet un grand nombre de factures. Elle constate en revanche une diminution des erreurs et la possibilité d’obtenir davantage d’informations sur le paiement, ce qui facilite sa comptabilité. Si elle n’émet que peu de factures, l’entreprise peut se procurer un générateur de QR-factures qui lui permettra de créer ses bulletins de versement de manière simple, et surtout correcte.

En attendant l’eBill

Parmi les avantages de la QR-facture, outre l’aspect de sécurité, figure évidemment pour les services comptables des entreprises et autres institutions la possibilité de numériser davantage encore, voire d’automatiser, les processus de facturation et de paiement. D’ailleurs, la prochaine étape pour beaucoup se nomme eBill, soit la facture électronique.

«2022, c’est l’année de la QR-facture»

La QR-facture n’a plus aucun secret pour lui. Michel Desponds, cash manager de la division Entreprises, vit au quotidien le compte à rebours vers la disparition des bulletins de versement.
 
Où en est le passage à la QR-facture à la BCV?

La BCV a tout mis en œuvre depuis 2020 pour que le passage à la QR-facture se déroule de la meilleure des façons. Un plan de communication a été lancé pour informer de manière ciblée les entités émettrices de factures et celles devant payer des factures. L’information en interne a également été renforcée. Au contact avec la clientèle, nous ressentons une certaine effervescence, l’intérêt grandit, davantage de demandes nous parviennent. D’ailleurs, le nombre de transactions en QR-factures augmente sensiblement depuis quelques mois.

Qu’a mis en place la Banque pour sa clientèle avant cette dernière ligne droite?

L’heure est avant tout à la communication, à l’accompagnement et au monitoring. Depuis la fin de l’an dernier, nous avons pris contact avec la clientèle qui utilise encore des BVR pour lui rappeler les étapes essentielles à franchir pour être opérationnelle avec la QR-facture. Le 30 septembre, c’est demain. Il faut donc effectuer les changements nécessaires durant ce premier semestre. Un générateur de QR-factures vient également d’être activé dans BCV-net et permettra à la clientèle recourant de manière occasionnelle à la facturation d’établir de manière simple et autonome ses factures. Sur le plan purement technique, des mesures ont été prises afin que le passage se déroule au mieux, comme l’impossibilité de saisir un BVR au-delà du 30 septembre. Notre monitoring vise à suivre l’avancement des travaux et à les accompagner. C’est notamment vrai pour les entreprises émettant beaucoup de factures.

«Comme tout le monde est concerné, nous devons parler le plus possible de la QR-facture autour de nous, dans des cercles d’amis ou au sein de la famille.»

Quel bilan peut-on tirer aujourd’hui?

Effectuer un tel changement en si peu de temps relève du défi pour tous les acteurs concernés. Les efforts déjà consentis par la place financière, par les partenaires fournisseurs de logiciels ou encore par la clientèle montrent que nous sommes sur la bonne voie. L’expérience nous a montré que la communication et l’accompagnement de la clientèle sont les éléments clés. Le passage ne se fait pas automatiquement, sans points d’interrogation. Il demeure essentiel de profiter de chaque contact clientèle pour parler de QR-facture et s’enquérir de la planification en cours. Et, comme tout le monde est concerné, nous devons en parler le plus possible autour de nous, dans des cercles d’amis ou au sein de la famille. L’année 2022 sera l’année de la QR-facture.

Que faire si une cliente ou un client n’a pas encore planifié son passage à la QR-facture?

Les conseillers et les conseillères doivent sensibiliser leur clientèle afin qu’elle puisse émettre ou encaisser des QR-factures au plus vite. L’évaluation des besoins est ainsi un passage clé de la démarche. Nous avons d’ailleurs établi une check-list – elle se trouve sur le site de la Banque –, qui permet de se rendre compte du travail accompli ou à accomplir. Les conseillers et conseillères peuvent ainsi mieux planifier avec leurs partenaires les prochaines étapes. L’approche personnalisée est essentielle.