Reportage

Régime énergétique minceur pour le Data Center du CAB

Le Data Center du CAB, c’est un peu le coffre-fort de la BCV. Avec le capital humain, probablement son actif le plus précieux. Niché dans les entrailles du centre administratif de Prilly, assujetti à des mesures de sécurité draconiennes, il héberge notamment les données de la clientèle de la Banque et les applications qui permettent aux collaboratrices et aux collaborateurs de la BCV d’œuvrer au quotidien.
| Par Nicolas Gay-Balmaz, BCV

Les infrastructures serveurs et stockage du Data Center du CAB (à gauche) et le système IBM (Mainframe) permettant le fonctionnement d’Osiris (à droite).

Philippe Galicher, chef du secteur Systèmes et Réseaux de la BCV et Denys Papeil, responsable du département Services IT.

Cette infrastructure cruciale constitue un poste de consommation d’électricité important. Dans le cadre de la stratégie RSE (responsabilité sociale d’entreprise) de la Banque, un projet d’amélioration de l’efficience énergétique du Data Center a débuté. Vu l’importance stratégique des équipements en question, de multiples précautions doivent être prises pour assurer la continuité des activités de la Banque. Les travaux de transformation se termineront à la fin de cette année.

Deux axes d’économies

«L’effort de réduction de la consommation d’électricité du Data Center s’articule autour de deux axes: une meilleure gestion des besoins en matière de climatisation du Data Center et une diminution de la consommation liée à l’alimentation des équipements», résume Philippe Galicher, chef du secteur Systèmes et Réseaux à la BCV et responsable du projet.

Il relève que la salle de 500 mètres carrés qui abrite le Data Center est devenue trop grande pour les besoins de la Banque. À ceci trois raisons: la miniaturisation continue des serveurs et des baies de stockage; la migration du workplace BCV (l’environnement de travail des collaboratrices et des collaborateurs) sur des ordinateurs portables, les serveurs nécessaires à leur fonctionnement étant désormais localisés dans les Data Centers de Swisscom et non plus au CAB; et, enfin, le fait que ce Data Center n’héberge plus que les systèmes de la BCV alors qu’il accueillait, à la fin des années 1990, l’informatique de plusieurs Banques Cantonales.

Un surdimensionnement problématique

«Le surdimensionnement de la salle abritant notre Data Center a pour conséquence que nous brassons aujourd’hui des volumes d’air trop importants en regard de notre périmètre informatique», explique Denys Papeil, responsable du département Services IT de la BCV. Or, le rafraîchissement des équipements est particulièrement énergivore. On considère en effet que pour un kilowatt d’énergie consommée, il en faut la même quantité pour absorber l’énergie produite et revenir dans les plages de température certifiées par les équipementiers. Pour remédier à la situation et limiter les besoins en matière de climatisation, des travaux de rationalisation de l’infrastructure dans l’espace actuel ont débuté.

Construction de chalets

Concrètement, tous les équipements nécessaires au fonctionnement des applications de la BCV sont en passe d’être regroupés dans deux chalets récemment édifiés. Ces chalets, aussi appelés pods, sont des unités constituées d’armoires informatiques cloisonnées. Ils sont utilisés pour compartimenter un centre de données en sections plus petites et sont plus faciles à refroidir qu’une grande pièce. Dès 2025, cette nouvelle architecture permettra de réduire significativement la consommation d’électricité liée à la climatisation.

Meilleur traitement de l’obsolescence hardware

Parallèlement, des économies liées au fonctionnement du Data Center seront réalisées dans le cadre du traitement de l’obsolescence hardware de l’infrastructure de la BCV. «Chaque fois que nous devons renouveler des équipements, nous veillons à acquérir du matériel affichant une consommation d’électricité plus réduite», fait valoir Philippe Galicher. Les efforts en ce sens vont d’ailleurs se matérialiser immédiatement dans le projet de réaménagement du Data Center du CAB. Une nouvelle infrastructure de serveurs sera mise en service dans les chalets durant le dernier trimestre de cette année. Le reste du matériel sera renouvelé au fil des ans, conformément aux règles du hardware refresh.

Un premier pas avant d’en faire plus

Mises bout à bout, ces différentes mesures vont se traduire par une réduction de la consommation d’électricité du Data Center de la BCV de 67 200 kilowatts à l’horizon 2027, soit une économie correspondant à la consommation de 15 ménages de quatre personnes durant un an. Au rang des actions de la Banque pour modérer son empreinte carbone, il convient par ailleurs de souligner que, pour l’alimentation du Data Center, la BCV paie aujourd’hui à son distributeur d’électricité une plus-value écologique pour des certificats hydrauliques suisses, ce qui renchérit le prix de la fourniture par rapport à un mix énergétique standard. Les efforts de la Banque dans ce sens vont encore s’intensifier avec la pose, fin 2024, de panneaux solaires sur l’ensemble du CAB. Cette ambitieuse transformation permettra de couvrir environ 10% de la consommation d’électricité prévisible du centre administratif de Prilly.