Dossier

La Broye, l’essor d’un petit poucet

Encore peu densément peuplée, la Broye connaît un rattrapage régulier et prépare l’arrivée de nouveaux habitants et habitantes en transformant massivement ses infrastructures. Des mutations rapides que la BCV accompagne, mais sans délaisser les traditions.
| Par Camille Andres
Rénovée en 2020, l’Abbatiale de Payerne de type clunisien est un bien d’importance nationale.

Les responsables régionaux Julien Gander (PME), Cristina Martinez (Clientèle privée) et Hubert Joye (Private Banking) témoignent des particularités de leur région.

Une croissance démographique et des infrastructures en adaptation

«Vivre à Berne est de plus en plus coûteux, au bord du Léman aussi. Alors les gens qui veulent respecter leur budget ou faire du télétravail en étant proche de la nature viennent ici», explique Hubert Joye, responsable régional pour le Private Banking. Entre 2017 et 2021, la croissance démographique du district de la Broye vaudoise (Broye-Vully) est de 7,1%, alors qu’elle n’est que de 3,7% pour l’ensemble du canton. C’est dire l’attrait de ce territoire entre plaines agricoles et collines vallonnées, à l’histoire riche et aux traditions préservées. La pandémie a encore accéléré la tendance. Résultat, le taux de vacance des logements, s’il reste élevé (2,1% en 2021), est aussi celui qui diminue le plus vite (il était encore à 2,7% en 2020).

Hubert Joye, responsable régional pour le Private Banking

«L’essor des constructions s’est concrétisé dans les différents pôles régionaux. De nombreux immeubles et villas sont sortis de terre ces dernières années et les prix de l’immobilier y ont pris l’ascenseur, comme partout», complète Hubert Joye. La région attire autant des Vaudois que des Fribourgeois, tant les deux territoires sont mêlés (voir carte).

Ce développement est aussi économique. Si la région est encore très agricole (9,2% d’emplois dans le secteur primaire contre 2,9% dans l’ensemble du canton), elle compte aussi des entreprises très dynamiques. Nespresso, Isover, Nestlé Waters (Henniez) ou encore le groupe Boschung (leader mondial des machines de nettoyage de routes et d’aéroports) illustrent la diversité des activités présentes sur le territoire et sont des employeurs-clé. S’y ajoutent des entreprises familiales comme Gasser Ceramic. Ces poids-lourds se développent. Ainsi, Nespresso a annoncé en 2021 investir 117 millions de francs pour agrandir son site de production d’Avenches et créer 50 emplois en 2023.

Julien Gander, responsable régional pour les PME

L’accroissement de la population et de l’activité entraîne de gros travaux d’infrastructures. Côté scolaire, de nouveaux besoins se font déjà sentir. «La région va avoir sa propre école professionnelle. Pour le moment, nous sommes rattachés au Nord vaudois», explique Julien Gander, responsable régional pour les PME. Un collège inauguré il y a quatre ans à Vully-les-Lacs est déjà trop petit, des écoles à Avenches viennent d’être agrandies, à Payerne, l’école enfantine doit être déplacée... Surtout, d’ici 2026, deux énormes projets de STEP (stations d’épuration des eaux usées) doivent être mis en service à Payerne et Lucens. Ils représentent un investissement de près de 130 millions de francs pour la région et seront pour partie couplés à une production d’énergie verte.

Enfin, l’aéroport militaire reste un espace structurant. L’activité militaire contribue aux affaires des services et commerces locaux. La base militaire de Payerne représente 230 emplois à elle seule, sans compter une base logistique, une base de commandement, des chantiers d’infrastructures (halles pour les futurs F35) et un centre de recrutement qui accueille régulièrement des formations. «La base aérienne est un site qui bouge, en chantiers fréquents, qui offre de nombreuses places d’apprentissage», résume Julien Gander. C’est aussi un pôle qui draine des militaires de Suisse alémanique, contribuant à faire connaître Payerne outre-Sarine. Parmi les visiteuses et visiteurs de l’abbatiale, la part alémanique est conséquente. Par ailleurs, l’Aéropôle, zone industrielle pour les entreprises actives dans l’aéronautique, compte trente entreprises et possède encore un potentiel de développement important.

Double identité et traditions

C’est bien sûr cette proximité avec ses voisins et l’imbrication étroite du territoire de la Broye vaudoise avec le canton de Fribourg qui caractérisent la région. S’il y a trente ans, les différences entre les Vaudois et Fribourgeois de la Broye étaient nettes, aujourd’hui, tous partagent avant tout une identité broyarde. Celle-ci est plus tournée vers Fribourg que Lausanne, moins bien desservie par les transports ferroviaires. Ce constat est facilité par des équipements communs appréciés (hôpital et gymnase intercantonal). Mais aussi des fêtes et traditions partagées. Les Brandons de Payerne, le Tirage et la Foire de la Saint-Martin, tous hérités de traditions séculaires, restent ici des évènements incontournables, tout comme Rock Oz’Arènes, dont la BCV est sponsor, ou les comptoirs locaux.

L’équipe de la BCV le sait: ici plus qu’ailleurs, participer aux traditions festives, voire les faire vivre, est crucial. «On ne va peut-être pas vous demander des références sur vous. Mais les gens veulent savoir qui vous êtes. Donc réseauter, faire partie d’un groupe local est important. Tout comme le fait de se montrer lors des manifestations», souligne Cristina Martinez, responsable régionale pour la clientèle privée. De même, si les entretiens en visioconférence sont mieux acceptés depuis la pandémie, «tout se fait très majoritairement par des rencontres en personne, en agence. La relation humaine, personnelle est très marquée.»

Cristina Martinez, responsable régionale pour la clientèle privée

«Réseauter, faire partie d'un groupe local est important.»

Cristina Martinez

Réactivité et limites structurelles

Avec une équipe de 29 personnes pour trois agences (Payerne, Avenches et Lucens), la Broye est la plus petite région pour la BCV. La moitié de son personnel est issu du canton de Fribourg. Recruter est souvent un souci, car depuis les bassins d’emplois romands, la région est considérée comme excentrée. Conséquence de cette petite taille: «lorsqu’il y a des absences, on le ressent plus vite que dans une grande structure», remarque Cristina Martinez. La clientèle de la région peut s’appuyer sur des collaboratrices et collaborateurs souvent issus de la région et forts d’une ancienneté précieuse. «Tout le monde se connaît bien ou vite, donc nous avons un état d’esprit coopératif, chacune et chacun est concerné et impliqué».

La hausse démographique impacte directement l’activité: à Avenches, l’agence BCV a quitté la vieille ville pour intégrer en 2019 une zone commerciale plus fréquentée. Pour les équipes dédiées à la clientèle privée, l’arrivée de familles implique aujourd’hui de «répondre à tous les besoins: ceux des parents et des enfants», explique Cristina Martinez.

Si la Broye connaît un dynamisme fort avec de nombreuses synergies et connexions avec Fribourg et la Suisse alémanique toute proche, les équipes de la BCV agissent cependant dans un cadre défini. Pour ne pas entrer en concurrence frontale avec d’autres banques cantonales, «nous restons dans une tradition de gentlemen’s agreement», résume Julien Gander en parlant de son propre secteur, les PME. Ce qui limite la zone de prospection. Un frein dans certaines situations, mais aussi la garantie de relations de bon voisinage et la clé pour exceller dans son propre secteur!

Témoignages

La Broye vaudoise reste un territoire rural, mais promis à des changements futurs importants. Regards de trois collaborateurs.

Olivier Schneider
Adjoint de région, en poste dans la Broye depuis 1979
«J’ai un plaisir fou à rencontrer de nouvelles personnes, et la BCV permet cela»

J’ai postulé à la BCV à l’âge de 16 ans et effectué une série de métiers: caissier, conseil à la clientèle, responsable logistique avant de devenir adjoint de région en 2006. Mon ancienneté me permet de conseiller les nouveaux collègues ou les stagiaires. J’ai toujours aimé ce poste aux responsabilités variées, du controlling, qui fait de moi une sorte de ‘policier’ pour la Région, comme je l’expliquais à un enfant lors d’une journée des métiers, jusqu’aux soucis logistiques à régler, qui me transforment en ‘Mc Gyver’.

La région étant très marquée par ses traditions festives, le sponsoring et les manifestations y sont très importantes pour la Banque, et j’y prête une grande attention. Par mes activités annexes, je suis engagé dans toute une série d’associations locales: association pour la restauration de l’abbatiale, auto-moto-club, association de jumelage… J’aime organiser, faire des liens entre différents acteurs. Pour la première fois, la BCV est devenue sponsor du comptoir de Payerne, organisé par une association dont je suis aussi membre. J’évite les conflits d’intérêts: quand une discussion en association concerne la BCV ou une banque concurrente, je reste discret sans me prononcer.

Jean-Marc Karpinski
Conseiller PME dans la Broye depuis 2020
«J’ai le sentiment de participer au développement de la région»

J’ai intégré la BCV récemment. Je travaillais auparavant comme conseiller d’entreprises à distance, dans une autre banque. Un contact privilégié avec ma clientèle me manquait. Ici, les relations se construisent sur la durée, dans la confiance. Et elles impliquent des rencontres au cœur du métier des clients et clientes. Je prends souvent ma voiture pour visiter une exploitation, une entreprise, discuter d’une thématique de transmission et de stratégie d’entreprise avec un entrepreneur et son fils, chez eux, par exemple. Ce temps que l’on me consacre pour me recevoir n’est vraiment pas à prendre à la légère, cela apporte une connaissance approfondie, et j’en profite pour cerner tous les enjeux d’une situation.

En même temps, je peux m’appuyer sur de solides savoirs en interne et un vrai dynamisme de la BCV: la manifestation dédiée aux Pros de l’immobilier ou le Rendez-vous des entrepreneurs abordent systématiquement des préoccupations et des questions actuelles, avec des compétences reconnues et appréciées de ma clientèle. Au final, mon métier me donne l’opportunité de suivre toute une série d’entreprises locales et d’avoir le sentiment de participer au développement d’une région, d’un territoire. On voit l’impact de notre travail sur le tissu économique, la valeur ajoutée apportée, et c’est une vraie source de satisfaction.

Fabrice Dorthe
Conseiller Private Banking dans la Broye depuis 2017
«Notre rôle est très complet: nous accompagnons nos clientes et clients dans tous leurs choix financiers»

Notre clientèle est différente d'autres régions du canton: l'envergure des portefeuilles est en général moindre et les contacts sont très différents des régions urbaines. Notre clientèle recherche bien entendu le professionnalisme, que nous pouvons leur offrir, notamment grâce à l'équipe de Fernando Martins Da Silva, vraiment renommée. Mais elle demande aussi une réelle proximité. Sans être un family office à proprement parler, les échanges que nous avons avec nos clients et clientes aboutissent souvent au tutoiement.

J'ai travaillé pendant 24 ans pour une enseigne internationale. Je constate qu'ici, contrairement à une grande banque, nos clientes et clients ne sont pas anonymes, mais au contraire connus de tous mes collègues! Notre rôle d'accompagnement est très complet. Nous les assistons dans tous leurs choix financiers, leurs projets de vie et la gestion de tous leurs avoirs. Le tout accompagné de nos spécialistes en planification financière ou de prévoyance. La force de notre équipe, la plus restreinte de la BCV pour le Private Banking, est son excellente ambiance: elle permet de faire face à toutes les pressions et difficultés du quotidien.