Dossier

La BCV accompagne l’innovation vaudoise

Le canton de Vaud a gagné sa place sur la mappemonde de l’innovation. L’écosystème mis en place pour soutenir la relève de l’économie vaudoise au lendemain de la crise des années 1990 a mûri. La BCV est présente depuis ses débuts.
| Par Anne Gaudard, BCV

C’est un écosystème qui se consolide année après année. Et la BCV en fait partie. L’innovation a gagné sa place dans le paysage économique vaudois. Immanquablement concentrée autour des grandes écoles, EPFL, UNIL ou HEIG-VD, la création d’entreprises innovantes et autres start-up conquiert aussi d’autres domaines, d’autres territoires, d’où elle vise le monde.

Ainsi, le canton de Vaud ne passe pas inaperçu sur la planète innovation. Si l’on considère la part de la technologie dans son PIB, il se rapproche de pôles reconnus comme la Californie*. Autre exemple, 25 start-up ayant leur siège dans le canton figurent dans le Top 100 des start-up suisses en 2022. Par ailleurs, plus de CHF 600 millions ont été levés en 2021 rien que par les start-up vaudoises, soit 47,8% de plus que l’année précédente.

Innovaud et la FIT

L’écosystème vaudois peut non seulement compter sur les grandes écoles et des acteurs économiques de renom, mais aussi sur la mise en place de structures comme Innovaud, porte cochère pour qui veut innover ou investir dans le canton (voir ci-contre). Cette plateforme unique, à laquelle la BCV participe à hauteur de CHF 50 000 par an, donne notamment accès aux biens et services nécessaires aux entreprises porteuses de projets.

 

 

INNOVAUD

C’est l’agence de promotion de l’innovation dans le canton issue de la fusion en 2020 avec le Développement économique du canton (DEV). Ce portail est destiné aux entreprises – de la start-up à la multinationale en passant par la PME – désirant innover ou investir dans le canton. Il réunit tous les services nécessaires sous un même toit. Dont la FIT (Fondation pour l'innovation technologique) sous l’onglet «financement». À noter que l’une des administratrices de la BCV, Fabienne Freymond Cantone, est également administratrice d’Innovaud.

Depuis 2013, Innovaud a soutenu 260 start-up et a permis l’implantation de 245 entreprises.

Parmi ces besoins, le financement arrive en bonne place. Et qui dit financement, dit FIT. Créée à l’initiative du Canton, de l’EPFL, de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) et de la BCV, la Fondation pour l’innovation technologique (FIT) soutient, par l’intermédiaire de bourses ou de prêts, des projets innovants à différents stades de leur évolution (lire encadré). Ainsi, pour la Banque, la FIT et Innovaud sont – de manière imagée – son bras innovation.

La BCV dès le début

La Banque a notamment choisi la FIT pour accompagner la relève du tissu économique vaudois. Un soutien de longue date – la FIT a vu le jour en 1994 – qu’elle vient de renouveler pour huit ans avec un budget total de CHF 4 millions. «Le choix des entreprises soutenues relève de l’intelligence collective des membres des comités de sélection de la FIT», explique Joao Brinca, responsable du département Stratégie et organisation à la BCV et vice-président du Conseil de fondation de la FIT.

La FIT a été créée dans une période difficile pour l’économie vaudoise qui devait se réinventer, se diversifier. Les termes de capital-risque, de start-up avaient traversé l’Atlantique, mais peinaient à s’implanter sur les bords du Léman. Et surtout, rappelle Joao Brinca, «il manquait la passerelle qui reliait les idées et le marché, qui permettait aux innovations de s’engager dans les étapes clés – mais non rémunératrices – du long chemin de l’entrepreneuriat que sont le prototypage ou encore la démonstration». Depuis, la FIT a permis la création de près de 3000 emplois.

Joao Brinca, responsable du département Stratégie et organisation à la BCV et vice-président du Conseil de fondation de la FIT.

Un pan de sa mission

La BCV contribue ainsi à remplir un pan de sa mission, soit favoriser le développement économique du canton. En raccourci, l’innovation est essentielle à la bonne santé de l’économie vaudoise et la bonne santé de l’économie vaudoise est essentielle à la BCV. Une mission qui a été précisée en 2007 dans la loi sur la BCV: ce développement doit tenir compte des critères de durabilité. «Le soutien à l’entrepreneuriat entre dans ce cadre, crée de la valeur pour la Suisse et pour le canton», rappelle Joao Brinca.

Les modalités de soutien ont évolué, se sont adaptées à un écosystème qui atteint désormais l’âge adulte. «Nous avons observé une incroyable progression des dossiers, particulièrement de leur niveau d’ambition, un élément qui en dit long sur le changement d’état d’esprit intervenu en quelques années», relate Joao Brinca. Il est vrai que la FIT peut se targuer d’avoir soutenu quelques pépites qui ont donné des ailes entrepreneuriales aux chercheurs et chercheuses (voir encadré ci-dessus et vidéos).

La typologie des projets a aussi évolué. «La FIT s’adapte à son environnement. Nous soutenons non seulement les dossiers riches en technologies de rupture, mais aussi les dossiers développant des innovations dans les modèles d’affaires, notamment dans le digital».

Partenaire d’un cercle vertueux

Autre preuve du gain en maturité de l’écosystème de l’innovation vaudois, le nombre d’entrepreneurs et d'entrepreneuses réinvestissant le fruit de leur engagement dans de nouvelles pousses croît. «La revente d’une start-up permet à son créateur ou sa créatrice de faire bénéficier d’autres de l’argent engrangé, mais aussi de son expérience. Un élément tout aussi important. Cette dynamique vertueuse essentielle prend pied ici, dans le canton», insiste Joao Brinca, qui bénéficie, grâce à son rôle à la FIT, d’une plateforme d’observation idéale sur l’innovation dans la région.

D’ailleurs, la Banque apporte, là aussi, sa pierre à l’édifice. Le département Private Banking Onshore collabore aux petits-déjeuners organisés par la FIT. Des événements qui réunissent investisseurs et jeunes pousses (lire interview de Patrick Botteron ci-dessous). «Nous intervenons comme contact entre les entrepreneurs et les investisseurs, en tant qu’acteur de proximité, nous avons la légitimité pour remplir ce rôle de partenaire», ajoute Joao Brinca.

La Banque a aussi agi en faveur de ce secteur économique d’avenir durant la pandémie. À l’instar des entreprises traditionnelles, les start-up ont subi de plein fouet les mesures prises pour lutter contre le COVID-19. Difficile de lever des fonds dans un contexte aussi incertain que ne l’était 2020. Afin d’éviter toute rupture de liquidités, un crédit COVID spécifique aux start-up a été lancé avec le soutien de la Confédération et des cantons. La BCV a octroyé 45 crédits COVID Start-up.

«Nous avons observé une incroyable progression des dossiers, particulièrement de leur niveau d’ambition.» Joao Brinca

Autres présences

Outre ce «vaisseau amiral», d’autres organismes de soutien à l’innovation dans le canton peuvent compter sur l’engagement de la BCV. Citons par exemple GENILEM, qui coache de jeunes entreprises au spectre d’activité bien plus large que la technologie. La BCV accompagne également les prix à l’innovation distribués dans le canton, comme les Prix Venture, Strategis ou PERL.

La Banque est par ailleurs partenaire du programme d’accélération des projets innovants de l’Université de Lausanne (UNIL) UCreate 3. Le but? Promouvoir l’esprit entrepreneurial chez les étudiantes et étudiants. En 2021, elle a parrainé ZeroCarb, qui vise à proposer aux PME actives dans les services un outil de mesure de leur empreinte écologique.

GENILEM

GENILEM est une association à but non lucratif dont la mission est d’aider les entrepreneuses et entrepreneurs des cantons de Vaud et Genève à bâtir des sociétés innovantes et viables dans tous les secteurs d’activité. Fondée en 1995 en association avec les cantons de Vaud et de Genève, les Chambres de Commerce et les Banques Cantonales de Vaud et de Genève, GENILEM (Génération Innovation Lémanique) a accompagné plus de 270 nouvelles entreprises durant les trois premières années de leur croissance, créant plus de 3000 emplois. Formation à la création d’entreprise, diagnostic de projet, prêt-partez-pitch, accompagnement de projet durant trois ans sont les principaux services offerts par l’association. La Banque y est représentée par Didier Muller, membre du conseil de l’association

Deux pôles de compétences pour un dialogue dédié

Consciente de l’importance de l’innovation pour l’avenir économique du canton, la BCV a par ailleurs désigné deux chefs de service PME pour traiter des dossiers relevant de cette clientèle particulière. Ainsi, Christelle Piguet couvre le Nord vaudois et ses différents pôles de développement. Quant à Aurélien Lehmann, il suit l’actualité côté bassin lémanique (voir encadrés). À eux d’intensifier le dialogue avec ce pan de l’économie vaudoise. Dans la nouvelle segmentation de la clientèle PME, une niche a été créée pour les entreprises innovantes qui s’est avérée une excellente opportunité d’avancer dans ce projet.

*Vaud innove, étude publiée sous la houlette de l’Observatoire de l’économie vaudoise de la BCV, la CVCI et Innovaud en 2019.

Témoignages

  

Christelle Piguet
Cheffe de service PME, Nord

«Pour les PME et autres start-up de la région, penser à la BCV doit devenir un réflexe». Christelle Piguet s’engage dans cette direction en développant plusieurs projets. Actuellement, elle est surtout présente à Y-PARC où elle donne de la visibilité à la Banque sur ce pôle technologique qui compte plus de 200 entreprises pesant 1800 emplois. Pour rappel, la BCV appartient, là aussi, au cercle des fondateurs du parc.

Pour présenter la Banque et ses nombreux services, elle recourt tant à des animations – plus de 600 personnes inscrites à la Chicken Party d'Y-PARC où la BCV était présente avec sa Roue de la Fortune – qu’à des manifestations mettant en valeur le savoir-faire de la Banque – petit-déjeuner sur le 2e pilier avec AVENA, Fondation BCV 2e pilier. «Nous constatons qu’il y a une forte demande en conseils».

«Ce réflexe ne peut intervenir que si l’on travaille loin en amont». Elle explique ainsi que la BCV est partenaire des «Négociales» organisées au sein de la HEIG-VD, un concours de négociations commerciales ouvert aux étudiantes et étudiants dans l’ensemble des pays francophones.

Une deuxième phase la verra être plus active sur les autres pôles de la région que sont le Technopôle de Sainte-Croix, l’Aéropôle de Payerne ou l’Agropôle de Molondin. «Le Nord doit améliorer son image par rapport à l’arc lémanique, montrer que les compétences sont également présentes dans la région». Et la BCV a, là encore, les atouts en main.

Aurélien Lehmann
Chef de service PME, Lausanne

«La pandémie a joué un rôle essentiel dans l’image de la BCV auprès des start-up: la Banque les a incluses dans les entités pouvant potentiellement accéder aux prêts COVID.» Aurélien Lehmann l’a constaté dans un milieu pas forcément habitué au cadre bancaire.

Si la Banque doit se faire connaître dans l’univers des start-up. Le contraire est également vrai. «Les start-up ont besoin de relais dans les banques. Nous devons mieux nous comprendre pour créer des liens». D’où l’importance de la représentation de la BCV dans de nombreux événements autour de la création d’entreprises.

«Le monde des start-up a son propre cycle de vie qui ne correspond pas forcément à celui des entreprises traditionnelles». La catégorie des scale-up, soit des start-up ayant déjà avancé dans leur croissance et offrant des perspectives de développement rapide, représente un potentiel pour les services et l’offre bancaires.

La BCV, par sa présence dans l’écosystème de l’innovation vaudois, peut en outre légitimement jouer un rôle d’intermédiaire pour mieux mettre les différents acteurs en relation. «Prenez le Cautionnement Romand, cette institution qui facilite l’accès aux crédits – d’investissement ou d’exploitation – pour les petites entreprises peut être un interlocuteur, mais il n’est pas forcément connu par les créatrices et créateurs de sociétés innovantes», cite-t-il en exemple.

Et de relever à son tour que cet univers, désormais indissociable de l’économie vaudoise, a «énormément mûri, notamment dans la maîtrise des chiffres».

Patrick Botteron
Directeur Private Banking Onshore
Pourquoi vous engagez-vous dans l’écosystème des start-up?

Lorsque l’on parle de start-up, c’est d’innovation dont il est question et, donc, des emplois de demain. J’ai la conviction que cet écosystème ne peut fonctionner sans l’engagement de tous les acteurs qui le composent. Afin que des liens se tissent au cœur de ce réseau, chacun a un rôle à tenir, dont la Banque. C’est dans ce contexte que nous avons lancé l’idée d’organiser des événements avec la FIT. Ainsi, depuis 2016, nous avons mis en place des rencontres entre start-up en recherche de financement et des particuliers potentiellement intéressés. Deux fois par an, des petits-déjeuners réunissent deux à trois projets et une quinzaine de business angels. Ces rencontres ont été organisées même pendant la pandémie en version en ligne. La BCV met sur pied la manifestation, invite des clients ou prospects et la FIT, elle, sélectionne les projets présentés.

En quoi l’innovation concerne-t-elle la division Private Banking?

L’innovation concerne la division Private Banking à double titre. Nous devons être présents pour accompagner des managers, créateurs ou créatrices d’entreprises dans la gestion de leur patrimoine, notre cœur de métier. Nous avons par ailleurs un rôle à jouer dans la mise en relation entre personnes qui créent des sociétés et personnes qui cherchent à investir. Ces particuliers potentiellement intéressés sont souvent des responsables – ou ex-responsables d’entreprises – qui souhaitent redistribuer ce qu’ils ou elles ont reçu durant leur carrière professionnelle. Ce peut être de l’argent, mais pas seulement. Durant les petits-déjeuners, nous constatons que les jeunes pousses ont également besoin de partage d’expérience, de conseils. Ainsi, les particuliers peuvent se muer en coaches. Ces rendez-vous sont une sorte de plateforme d’échanges. La BCV joue là pleinement son rôle de banque de proximité.

Quels enseignements avez-vous retirés?

Les retours sont très positifs. Les personnes dans la salle ne sont pas de simples spectateurs ou spectatrices, leur présence s’explique aussi par une recherche d’impact palpable. Elles ne visent pas simplement à investir, mais à donner un sens à leur geste. C’est aussi pour cela qu’elles sont choisies. Peu d’investisseurs ou d’investisseuses ont la surface financière et la capacité à prendre des risques suffisantes pour de tels placements. Côté entreprises, nous avons présenté de nombreuses start-up qui ont rencontré un bon succès. Des exemples? Domosafety, Agrosustain, Aeler, Largo Films, etc.

Des entreprises innovantes en vidéo à la BCV

Informer entre pleinement dans l’approche de l’innovation de la Banque. Pour preuve, outre les études de l’Observatoire de l’économie vaudoise, les nombreuses vidéos et autres articles traitant des entreprises innovantes diffusés sur les canaux BCV, à commencer sur pointsforts.ch: Aeler, Code 41, Almatech . Des informations également bien présentes sur nos réseaux sociaux: que ce soit sur LinkedIn ou Instagram.