Impulsion

La BCV soutient Vaud Générations Champions

Quand trois anciens sportifs d’élite vaudois se réunissent, c’est pour aider les générations montantes de jeunes champions et championnes vaudoises. Car l’élite sportive vaudoise souffre d’un manque de soutien financier et moral. Décryptage.
| Par Brigitte Demierre Prikhodkine, BCV

Chaque sportif doit donner le meilleur de lui-même pour atteindre le plus haut niveau. Une vie consacrée au sport, faite d’adrénaline, de dépassement de soi, d’efforts constants et sans aucun doute de sacrifices. Pour faire partie de l’élite et flirter avec l’or olympique, les jeunes sportifs devraient n’avoir à se préoccuper que de leurs entraînements, de leurs études et de leur santé. Toutefois, un constat sans appel se profile en Suisse: quel que soit son niveau, sans argent, difficile de progresser et de se maintenir en pays helvétique, et de gagner sa vie comme sportif d’élite.

Difficile de gagner sa vie

Les revenus des sportifs d’élite suisses sont largement en-dessous du salaire médian national. Cela ne favorise pas leur carrière sportive et génère trop souvent une distorsion de concurrence avec les athlètes mieux accompagnés d’autres pays. Aujourd’hui, 41% des sportifs suisses disent gagner moins de CHF 14 000 par année (Sport d’élite Suisse 2019 Etat des lieux SPLISS-CH 2019, p. 31); la plupart des sports ne permettent ainsi pas de gagner sa vie, encore moins d’épargner ou de cotiser.

Les soutiens extérieurs restent malheureusement faibles et leur recherche mange temps et énergie qu’il serait préférable d’investir dans la pratique sportive.

De gauche à droite: Jonathan Massacand (natation), Anne-Sophie Thilo (voile), Léa Sprunger (athlétisme) et Sergei Aschwanden (judo), des Olympiens vaudois de toutes les générations qui partagent le même désir de faire bouger les lignes du sport dans leur canton. ©Petar Mitrovic

Un triumvirat aux commandes

Face à ce constat – et pour avoir aussi traversé les mêmes embûches – et marqués par l’engouement fabuleux des Vaudoises et des Vaudois pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ), qui se sont déroulés à Lausanne en 2020, et pour le sport en général, trois anciens sportifs d’élite vaudois se sont réunis pour monter le projet de Vaud Générations Champions.

  • Sergei Aschwanden est judoka et actuellement président de la Fédération suisse de judo et de ji-jitsu. Il a été médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, deux fois champion d'Europe et vice-champion du monde et est détenteur de huit titres de champion suisse.
  • Virginie Faivre est skieuse freestyle, spécialiste du half-pipe et du slopestyle, triple championne du monde et 4e des Jeux Olympiques. Elle est devenue en 2018 présidente du comité d'organisation des JOJ 2020 de Lausanne.
  • Anne-Sophie Thilo est une navigatrice professionnelle qui a fait partie pendant 12 ans de l’équipe nationale suisse. Elle a été médaillée d'argent des Championnats d'Europe de 470 et a participé aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, terminant à la 17e place. Elle travaille actuellement comme consultante en communication dans le domaine du sport.

Ce triumvirat composé de sportifs aux parcours variés, mais connectés par l’esprit sportif, a monté Vaud Générations Champions dans le but de réduire la pression financière pour l’athlète et sa famille. Concrètement, ce projet vaudois vise à soulager la tranche des recettes issues des sponsors privés, très difficiles à trouver selon les sports, et s’inscrit totalement dans la complémentarité des soutiens existants, notamment les fédérations nationales, Aide Sportive Suisse, le Canton de Vaud, Fonds du Sport, etc. En sus, il amène un conseil de gestion de carrière, une aide à la transition et un programme de mentoring, trois éléments clés pour mener à bien un projet sportif… et de vie.

Grâce à cette nouvelle visibilité, Vaud Générations Champions permettra aussi d’engager encore plus la population vaudoise, d’inspirer les écoliers, gymnasiens ou apprentis et de rassembler les Olympiens vaudois.

Vaud Générations Champions est là pour rassembler les moyens et les énergies au service des meilleurs athlètes du canton et pour inspirer au travers des valeurs du sport.

La BCV s’engage

Aux côtés d’autres partenaires et sponsors, la BCV a décidé de participer à Vaud Générations Champions, dans le prolongement de son engagement en faveur du sport vaudois.

Les athlètes peuvent être soutenus par Vaud Générations Champions s’ils ont obtenu la Swiss Olympic Card (or ou argent, soit CHF 10 000 ; bronze, soit CHF 5000) qui est une distinction remise aux sportifs ayant fourni de bons résultats au niveau international ou qui disposent du potentiel nécessaire pour y arriver. Les athlètes soutenus par Vaud Générations Champions peuvent bénéficier de conseils en gestion de carrière (trouver le bon médecin du sport, faire sa déclaration d’impôt, relire les contrats de sponsoring, suivre un media training, trouver un psychologue du sport, une solution de double carrière, etc.), d’une aide à la transition, de conseils d’orientation, d’aide financière pour les études, d’un mentor olympien et d’un réseau d’experts de confiance.

La BCV est fière de soutenir des jeunes engagés dans leur carrière sportive, qui participent, par leurs efforts et leurs résultats, à l’image positive de la Suisse et du canton de Vaud.

Trois questions à Anne-Sophie Thilo, directrice opérationnelle de Vaud Générations Champions

Quel élément principal a été le vecteur de la création de Vaud Générations Champions?

Sergei, Virginie et moi-même avons tous fait du sport de haut niveau, dans des disciplines différentes, au sein de générations différentes, et pourtant, nous avons vécu les mêmes difficultés et problématiques pour mener notre carrière sportive. Tous les trois, nous sommes restés impliqués et investis dans le monde du sport et nous observons que les choses évoluent, mais trop lentement. De plus, nous avons été touchés par l’engouement populaire pour le sport lors des JOJ Lausanne 2020. Il nous tenait donc à cœur de nous investir de manière forte, solide et durable pour le sport et pour nos jeunes.

Vous-même, comment avez-vous traversé financièrement votre carrière sportive?

Pour être honnête, sans le soutien logistique, moral et surtout financier de nos familles, ma co-équipière et moi-même n’aurions jamais pu vivre notre projet sportif. Grâce à leur bon sens, leur énergie et leur réseau, ils nous ont aidées à créer une association, fonder un fan’s club, faire un dossier de sponsoring, activer le réseau et ainsi trouver un sponsor privé qui nous a permis de payer notre entraîneur.

Gérer un projet sportif en Suisse, c’est comme gérer une PME: on engage, on communique, on fait des budgets, etc. Un sacré apprentissage lorsqu’on est encore adolescent.

Ce que l'on sait moins sur Anne-Sophie Thilo, c'est qu'elle a aussi gravi sept sommets de plus de 4 000 mètres, dont le Cervin (4 478 mètres) et la Dent Blanche (4 357 mètres).

Anne-Sophie Thilo aux JO de Pékin en 2008: «Quand il y a beaucoup de vent, il faut qu'on ait le buste au-dessus de l'eau. Le bateau doit être à plat (ou le plus à plat) pour qu'il avance le plus vite possible.»

Pour la petite anecdote, lorsque nous nous sommes qualifiées aux JO, nous n’avions plus de sous, donc nous ne pouvions pas acheter des voiles neuves et encore moins un bateau. Mon père a fait «la banque» pour des voiles et le constructeur de notre bateau a fait une coque que nous avons dû ensuite lui rendre.

Il nous est arrivé de renoncer à un championnat du monde par manque de budget. C’était dur.

Quel est le principal atout de Vaud Générations Champions pour les sportifs et sportives d’élite?

L’atout majeur est que c’est un projet fait par des athlètes et pour des athlètes. C’est beaucoup de travail, mais nous personnalisons le soutien. Nous les écoutons, nous les conseillons, nous les soutenons. Le projet va bien au-delà d’un soutien financier. De plus, nous connectons les athlètes avec les écoles et ainsi espérons faire briller les yeux des petits Vaudois et Vaudoises.