Stratégie

La BCV reprend sous son aile son infrastructure IT

Confiée à IBM, puis à Kyndryl, la gestion de l’infrastructure informatique de la BCV a été réinternalisée. Elle est assurée, depuis le 1er avril, par le département Services IT. Cette initiative marque l’aboutissement d’un ensemble de projets stratégiques initiés en 2013 et visant à redonner à la Banque une pleine autonomie de gestion sur l’ensemble de son système d’information.
| Par Nicolas Gay-Balmaz, BCV

La force de la BCV repose sur des compétences métiers à haute valeur ajoutée. Mais qu’adviendrait-il d’elle aujourd’hui si elle ne pouvait s’appuyer sur une informatique efficiente permettant de délivrer des services financiers numérisés aux milliers de requêtes quotidiennes de sa clientèle? «No futur!».

C’est d’ailleurs en substance, mais dans un style moins punk, le message qu’a relayé la Direction générale lors de la dernière réunion annuelle d’information (RAI). La maîtrise de la chaîne de valeur IT est devenue une question existentielle. La BCV a plus que jamais les cartes en main pour maîtriser cet enjeu crucial. Elle vient en effet de regagner une autonomie complète sur son système d’information à la faveur de la reprise de la gestion de son infrastructure IT. Ce projet, lancé en 2023 sous le nom de code ARES (Activité de Réinternalisation des Equipements Sous-traités) et piloté par le département Services IT dirigé par Denys Papeil, constitue le troisième et dernier volet d’un repositionnement stratégique, dont la réalisation s’est étalée sur une décennie.

Priorité aux applications métiers

Le rétablissement de l’autonomie IT de la BCV a en effet débuté en 2013. «L’urgence était de reprendre la main sur la technologie core-banking, c’est-à-dire sur nos applications métiers, comme Osiris, afin de les faire évoluer dans le sens où nous le souhaitions», se souvient Denys Papeil. Cette analyse a conduit au rapatriement des activités de développement de nos applications jusqu’alors gérées par IBM. Un choix judicieux qui s’est notamment traduit par la montée en gamme et l’extension de nos prestations BCV-net et BCV Mobile.

Réappropriation de l’espace middleware

La liberté stratégique en matière d’IT s’est élargie en 2020 avec la réappropriation de toute la partie middleware de notre système d’information. La gestion de cette couche applicative intermédiaire, qui sert notamment à établir des passerelles entre les applications et les bases de données, avait également été confiée à IBM. «La reprise de cette deuxième brique a, par exemple, donné beaucoup plus de souplesse aux équipes pour délivrer les mises à jour de nos systèmes et déployer les dernières nouveautés dans nos applications métiers», illustre Denys Papeil.

Derrière ARES, une vision stratégique
Denys Papeil, responsable du département Services IT
 
Un calendrier de reprise serré

La direction de la BCV et le Conseil d’administration ont donné leur feu vert à l’opération de reprise de l’infrastructure IT et du personnel affecté à sa gestion au premier trimestre 2023. Le projet ARES a été mené tambour battant selon un plan séquencé en trois phases. Les équipes IT ont d’abord rationalisé l’espace abritant le Data Center du CAB, modernisé l’infrastructure serveurs (voir Convergences No 71) et procédé à la migration du réseau. Ce dernier est administré en interne depuis janvier 2024. En février, la Banque a repris le contrôle de la gestion des systèmes distribués – serveurs et baies de stockage. En mars enfin, la responsabilité du système Mainframe, soit le superordinateur sur lequel toute l’architecture Osiris a été développée, est revenue dans le giron du département Services IT. Dans la foulée, un outil de service management commun à tous les métiers de l’IT, pour le traitement des incidents et les demandes de services, a pu être implémenté.

Pourquoi reprendre l’infrastructure?

La boucle a été bouclée ce printemps avec la réinternalisation de la gestion de l’infrastructure IT. La mise en œuvre du projet ARES a été accélérée, en 2022, par la décision d’IBM de transférer ses activités d’exploitation dans une entité autonome, Kyndryl (voir la vidéo de Denys Papeil). Les incertitudes portant sur la santé financière et les orientations stratégiques de ce prestataire de remplacement ont soulevé de sérieux doutes. Une analyse approfondie a identifié deux risques majeurs. Celui d’une augmentation des coûts du matériel et de l’hébergement au moment du renouvellement des contrats. Et celui d’une vague de départs des employés de Kyndryl, susceptibles d’être délocalisés ou attachés à d’autres missions par leur nouvel employeur. «La volonté de conserver ce savoir-faire métier, entretenu au fil des ans par des collaboratrices et des collaborateurs parfaitement au fait de nos contraintes et de nos systèmes pour avoir géré notre infrastructure IT sous la bannière d’IBM, et parfois même d’Unicible, a vraiment été déterminante dans la prise de décision», souligne Denys Papeil.

De nouveaux projets en vue
Philippe Galicher, chef du secteur Systèmes et Réseaux
 
Des bénéfices importants

Les avantages induits par la reprise en main de l'infrastructure IT sont nombreux: optimisation énergétique du Data Center, amélioration de la qualité de service à travers un outil gestion unique des processus IT, gain en efficacité opérationnelle grâce à un meilleur calibrage des différents outils de la chaîne informatique. La reprise de 26 des 33 collaboratrices et collaborateurs de Kyndryl par la BCV permet par ailleurs de conserver une expertise à haute valeur ajoutée au sein de la Banque. Finalement, la BCV retrouve une pleine liberté de choix en matière de matériel et de logiciels pour moderniser son infrastructure et appliquer les solutions les plus adaptées à ses besoins dans le domaine de la cybersécurité (voir la vidéo de Philippe Galicher). Mises bout à bout, ces améliorations devraient déboucher sur des économies de plusieurs millions de francs.

La reprise du Command Center redéfinit la Gestion IT

Dans le cadre du projet ARES, la BCV a également saisi l’opportunité de reprendre sous son autorité le centre de commandes (Command Center) de son système d’information.

Le Command Center, véritable tour de contrôle, assure une surveillance continue (24/7) de toutes les activités IT de la Banque. Concrètement, les collaborateurs du Command Center veillent à l’efficience des infrastructures, en garantissant notamment la disponibilité des serveurs. Ils supervisent également la bonne exécution des chaînes de traitement, telles que la mise à jour des données financières et la gestion des demandes de services. De plus, ils sont responsables de détecter les anomalies et de mobiliser les moyens nécessaires pour résoudre les incidents, soit de manière autonome en suivant des procédures préétablies, soit en faisant appel à des équipes spécialisées, de jour comme de nuit.

Le département Services IT de la Banque devient le répondant de la qualité de cette prestation jusqu’alors sous-traitée à Kyndryl. Bien que la gestion des opérations du Command Center soit externalisée à Swisscom, elle se fait dans un cadre strictement défini par la BCV. Les employés de Swisscom travaillent dans les locaux de la BCV, utilisent des outils BCV et respectent un cahier des charges établi par la BCV. La réinternalisation du Command Center se traduit par une meilleure traçabilité des incidents, une meilleure transparence des processus et, par conséquent, par une meilleure efficacité de la gestion IT.

Les bénéfices de la reprise du Command Center
Bertrand Lebeurier, chef du secteur Intégration de services