Impulsion

Quelle image pour le banquier de demain?

Révolution sur la place financière suisse! La tenue vestimentaire classique de l’employé de banque est en pleine mutation. Alors, au rebut, cravate, tailleur et souliers cirés? Petit rappel des faits et pratiques à la BCV.
| Par Brigitte Demierre Prikhodkine, BCV

Le «costard-cravate» n’aurait plus la cote auprès des banquiers. C’est du moins le message qui a été véhiculé par ce qui s’apparente à une petite révolution chez UBS. En septembre 2020, la RTS se fait l’écho d’une décision prise dans cet établissement. Il faut «être en phase avec son temps» et donc laisser tomber «cravate pour les hommes et foulard ou écharpe pour les femmes». Si Credit Suisse affiche également sa volonté de supprimer la cravate et de chausser ses équipes de baskets – uniquement blanches – selon le journal Le Temps, la Banque Cantonale de Bâle (BKB) a, elle, depuis trois ans, intégré un Styleguide qui reprend les codes traditionnels du banquier: costume, chemise/blouse, cravate, pochette ou foulard, maquillage et bijoux discrets. Du côté de la Clientis Caisse d’Epargne CEC SA de Courtelary dans le Jura bernois, en revanche, on bannit la cravate, tout en évitant quelques extravagances, l’idée étant «de se vêtir selon les circonstances», comme le relève un article de Bilan.

L'uniforme, tout un symbole

Joël Cardinaux, notre «gardien du smile», nous explique: «La forte composante symbolique du code vestimentaire se perçoit au travers des réactions qu’il suscite chaque fois qu’il est touché. L’UBS en a fait par deux fois la démonstration. À chaque évolution, le sujet est repris par les médias, fait l’objet de conversations sur la Paradeplatz ou la place Saint-François.

Pourquoi tant d’intérêt? Les symboles, justement. En résumé, le code vestimentaire symbolise le rôle du banquier; passer du costard-cravate aux jeans-baskets, c’est passer symboliquement du rôle de l’homme ou de la femme de confiance au rôle de prestataire de services financiers. À la BCV, nous nous positionnons comme une banque qui créé des liens sur la durée, nous souhaitons accompagner nos clients tout au long de leur parcours de vie. À ce titre, nous nous considérons comme des femmes et des hommes de confiance qui conseillent leurs clients en matière de services financiers. Smile vient d'ailleurs renforcer ce positionnement. Vous l’aurez compris: des petites évolutions, peut-être, mais pas de changement de cap dans la règle d’apparence personnelle à la BCV.»

Joël Cardinaux, responsable du secteur Qualité de service, est le gardien du "smile" à la BCV, autrement dit de la stratégie mise en place pour que la BCV se distingue notamment par sa qualité de service.

Et à la BCV?

Depuis Smile et l’application de la qualité de service propre à la BCV, chaque collaboratrice et collaborateur a reçu un petit classeur, dont deux pages sont consacrées à l’apparence personnelle. Un mémento pratique présente en photos ce qui est toléré, conforme hors ou en clientèle, et les tenues à bannir. La marge de manœuvre reste relativement large, mais la tenue classique du costard-cravate ou tailleur-blouse-bas aux teintes sobres a encore de beaux jours devant elle lors des interactions avec nos clientes et clients.

 

Petite histoire de cravate

C’est vers le milieu du XVIIe siècle que la cravate, issue, semble-t-il, de soldats croates qui l’utilisaient pour se protéger du froid ou d’un coup d’épée mal placé, s’installe au cou et à la cour de Louis XIV. Chacun rivalise d’audace et d’élégance en ajoutant des dentelles et des rubans de soie. Cette mode se répand dans toute l’Europe, portée par les riches et les dandys. La cravate a traversé les siècles suivants en prenant de nouvelles formes. C’est dans la seconde moitié du XIXe siècle qu’elle s’allonge et s’affine, prenant le nom de «régate». Cette dernière reste la base de nos cravates actuelles, dont la réalisation à partir de tissu coupé en diagonale et en trois parties remonte à 1924. Elle connaît aujourd’hui toujours autant d’adeptes, mais tout autant de détracteurs.

Portrait de Louis XIV arborant une cravate de dentelle nouée, attribué à Pierre Rabon (1619-1684), huile sur toile, 85,5 x 64 cm.