Dossier

À l'école des banquiers

Ils sont 38, répartis sur l'ensemble du canton, et se forment durant trois ans au sein de la BCV, tout en suivant leurs cours à l’École professionnelle commerciale de Nyon (EPCN). Mais pas seulement! Plusieurs échanges nationaux et internationaux peuvent venir agrémenter leur formation, un bon moyen de s'émanciper et de s'ouvrir au monde.
| Par Brigitte Demierre Prikhodkine, BCV

Chaque année, treize futurs apprentis et apprenties de commerce rejoignent les rangs de la BCV pour une formation qui durera trois ans. 

La BCV forme également une personne en apprentissage d'employée de commerce dans le domaine de la prévoyance et une personne comme opérateur en informatique.

«À la BCV, explique Fabienne Romon, qui accompagne les jeunes dans leur formation, la première année se passe essentiellement au Retail, principalement au guichet et au conseil bancaire. En deuxième année, les apprentis et apprenties s’initient à la gestion courante, aux placements et aux crédits auprès des conseillers à la clientèle privée et font un stage au Private Banking. Ils poursuivent sur cette lancée en troisième année, avec, cette fois-ci, un stage auprès des PME.»

À côté de la formation pratique à la BCV, les apprentis et apprenties ont des cours à l'école professionnelle commerciale une ou deux fois par semaine, selon qu’ils effectuent ou non une maturité intégrée. En parallèle, ils suivent les cours interentreprises chez CYP, le centre de compétences et de formation pour l’apprentissage moderne et numérique des banques suisses, un jour par mois, soit une trentaine de modules. Pour chaque journée chez CYP, une préparation importante est requise. «Ces différentes phases du processus d’apprentissage (préparation, cours, suivi) constituent la partie off-the-job de la formation des connaissances de la branche, précise Fabienne Romon. Les apprentis et apprenties appliquent et développent ensuite leurs compétences à leur place de travail.»

Fabienne Romon accompagne les jeunes en apprentissage dans leur formation.

«Ce que j'apprécie avant tout dans ma formation, c'est d'avoir la possibilité de changer de service assez souvent, ce qui me permet d'apprendre toujours de nouvelles choses et de plein de manières différentes en fonction du ou de la collègue qui me forme. La BCV m’ouvre aussi plein de portes pour des formations externes.»

Anela Muharemovic, apprentie de première année

«La diversité de métiers que nous exerçons ainsi que le contact avec la clientèle sont les deux principaux points forts de cette formation.»

Valentin Kaltenrieder, apprenti de deuxième année

«J’ai beaucoup apprécié de découvrir les différents départements au sein de la Banque durant ma formation. J'ai pu effectuer des stages au Retail, au Private Banking et auprès des PME. Chaque entité m’a permis de découvrir les métiers en profondeur. J'ai également apprécié le contact avec la clientèle, la possibilité de pouvoir lui apporter mon aide et l’entière disponibilité de mes collègues, qui ont toujours été là pour répondre à mes questions et qui m’ont épaulée tout au long de ma formation.»

Laurie Berod, apprentie de troisième année

Vive l'émancipation!

Plusieurs échanges nationaux et internationaux sont chapeautés par les écoles professionnelles, afin d’offrir aux jeunes en apprentissage des possibilités d’émancipation et de développement personnel et professionnel. Ces projets sont mûris et discutés avec tous les intervenants: l’employeur, l’école professionnelle, mais aussi les parents, qui ont un rôle primordial à jouer. Les intéressés, quant à eux, doivent présenter un dossier de motivation et bénéficier d’une moyenne égale ou supérieure à 4,5.

Mobimmersiv, les stages linguistiques interbanques en Suisse allemande

Les écoles professionnelles accueillent notamment les jeunes en apprentissage pour leur formation commerciale. Elles offrent la possibilité, lors du troisième semestre de la formation, de la poursuivre durant six mois dans une filiale ou dans une entreprise active dans le même secteur d’activité… en Suisse allemande. Les apprenties et apprentis poursuivent leurs cours à l’école de commerce dans le canton d’accueil, mais conservent les cours interentreprises dans leur région de provenance une fois par mois. Afin qu’ils ne soient pas pénalisés dans leur cursus scolaire pendant ce semestre, les notes ne seront pas comptabilisées dans leur moyenne.

 

Elio Tille est parti à Berne et rentrera en janvier 2024. Il nous fait part de ses impressions.

Qu'est-ce qui vous a motivé à participer à ce programme?
Elio Tille: Ma première motivation a été l’apprentissage d’une autre langue. Je souhaite progresser en allemand et ce n’est pas tous les jours que l’on a la possibilité de faire un séjour comme celui-ci. Je trouve cette expérience très enrichissante du point de vue professionnel et privé.

Quel est votre programme sur place?
Il est identique à mon programme romand, c’est-à-dire deux jours d’école et trois jours au travail. La seule différence, c’est la langue. Je vis actuellement en famille d’accueil près d’Olten. Je prends donc le train pour me rendre à Berne tous les jours.

Qu'est-ce qui vous plaît lors de ce séjour? Y a-t-il des moments difficiles?
Le plus difficile est bien évidemment la langue. Les branches enseignées sont complexes, alors il n’est pas évident de tout comprendre quand le cours est donné en allemand. De plus, la langue courante à Berne, c’est le suisse allemand, donc cela complique la donne quand on apprend l’allemand. À la WKS, l’école professionnelle de Berne, j’apprécie particulièrement l’aspect informatique, qui est très développé. À ma place de travail, je suis entouré d’une chouette équipe, ce qui est très important pour moi. Berne, c’est aussi une autre culture et c’est drôle de voir les différences qu’il y a.

Qu'est-ce que cela vous apporte?
Le fait de devoir me débrouiller dans une autre langue est un vrai challenge et me confronter à un environnement inconnu aussi. J’ai amélioré mes compétences en allemand et su apprivoiser un nouveau système informatique. 

Elio Tille est bientôt de retour en Suisse romande, après son immersion dans le canton de Berne, entre Hochdeutsch et Schwyzerdütsch.

Apprentissage+One, un an entre l'Irlande et l'Allemagne

Le programme Apprentissage+One (anciennement Commerce +) est un programme de mobilité organisé par la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) qui s’adresse aux apprenties et apprentis employés de commerce. Entre leur deuxième et leur troisième année d’apprentissage, les candidates et candidats partent à l’étranger pendant une année, six mois en Allemagne et six mois en Irlande. Au programme, un travail en entreprise et des cours intensifs de langue avec examen final (niveaux B2 ou C1). Ils quittent ainsi leur formation durant une année et leur contrat d’apprentissage est suspendu, mais automatiquement prolongé d’un an pour terminer leur cursus à leur retour.

Il s’agit d’un programme sélectif, puisque seuls 25 dossiers ont été pris pour la volée 2022-2023 en Suisse romande. Johan Chambaz a pu profiter de cette opportunité en 2021, alors que Louka Gasser est en ce moment en Irlande.

Johan Chambaz a effectué son séjour en 2021, à la suite d’une offre de Movetia, l’agence nationale pour la promotion des échanges et de la mobilité, une opportunité qu’il ne fallait pas rater.

Comment se sont passées les premières semaines en Allemagne; et celles en Irlande?
Johan Chambaz: Les deux premières semaines dans chaque pays furent les plus faciles, car j’avais des cours le matin et l’après-midi libre pour découvrir les villes respectives. De plus, je me suis rapidement adapté à chacun des deux pays.

Louka Gasser: Les premières semaines en Irlande n’ont pas forcément été simples. J’arrivais dans une nouvelle ville et je ne maîtrisais pas la langue à 100%. Mais au fur et à mesure des semaines, j’ai pris l’habitude et je me suis très bien acclimaté au pays.

Quel était votre programme sur place? Viviez-vous en famille d'accueil?
J. Ch.: En Allemagne, je travaillais dans un magasin de seconde main l'après-midi et j’avais les cours de langue en ligne deux fois par semaine. J’ai eu la chance d’avoir mon studio indépendant, ce qui m’a permis de vivre très librement. En Irlande, j'ai aussi travailllé dans un magasin de seconde main et j’avais des cours de langue le vendredi matin, tout en logeant dans une famille d'accueil.

L. G.: J’ai eu un cours de langue le premier mois, et depuis deux mois maintenant, j’effectue un stage dans une école internationale qui organise des séjours linguistiques. Pour mon logement, je suis dans une famille d’accueil.

Globalement, quel pays avez-vous préféré et pourquoi?
J. Ch.: J’ai largement préféré l’Allemagne. C’était ma première destination et je me réjouissais de la découvrir. Berlin est une ville extraordinaire et j’ai fait de belles rencontres. A contrario, je suis arrivé en Irlande et, inconsciemment, j’ai tout comparé avec Berlin. Pour moi, Dublin est une ville plus triste et les gens sont moins avenants. La météo et la nourriture irlandaises n’ont fait que renforcer ma préférence pour l’Allemagne.

Quels sont les points positifs ou négatifs de ce séjour?
L. G.: C’est une première pour le canton de Vaud, par conséquent il manque encore un peu de suivi et d’informations générales sur place, ce qui est un peu déstabilisant. Pour tout le reste, c’est une expérience fantastique qui m’offre beaucoup sur le plan humain ainsi qu’une maturité en matière d’indépendance et d’autonomie.

Johan Chambaz et Louka Gasser sont unanimes sur les apports de ce séjour: indépendance, expérience de vie, nouveauté, bonne pratique de la langue, découverte sont les maîtres-mots de cette expérience.

Louka Gasser est parti le 26 août 2023, mettant son apprentissage entre parenthèses pour passer six mois en Irlande, puis, dès le 12 février 2024, six mois en Allemagne.

Projet NextSteps, la mobilité internationale

Le projet NextSteps propose d’envoyer des apprenties et apprentis ayant obtenu la maturité professionnelle travailler à l'étranger pendant plusieurs mois (voir Convergences 71).

Quatre pays de destination sont proposés pour l’instant: Japon, USA, Inde et Brésil. Une délégation par pays a déjà été organisée, composée d'enseignants d'écoles professionnelles des cantons de Vaud et Zurich, d'un représentant de la Direction générale de l’enseignement postobligatoire du canton de Vaud (DGEP) et de deux élèves en maturité intégrée de deuxième année (ou troisième année pour ceux qui partent après les vacances d'été). L’initiative du projet émanant de l’École professionnelle commerciale de Nyon (EPCN), certains de ses élèves sont partis pour ces voyages exploratoires.

Découvrez les impressions de Emma Porchet, apprentie de troisième année, qui est partie aux USA en septembre 2023.

À quel endroit avez-vous fait votre séjour et où viviez-vous?
Emma Porchet : J'ai passé quatre jours à Washington où je logeais dans un hôtel à côté de l'Université du Maryland. J'ai ensuite passé trois jours à New York, où je dormais dans un Airbnb avec une autre apprentie.

Vous ne pouviez pas choisir au préalable le pays de destination: auriez-vous préféré un autre pays que les USA?
J'avais une préférence pour les USA et le Japon. Ce sont deux destinations où je souhaitais aller à titre privé, c'est pourquoi je suis ravie d'avoir pu découvrir les États-Unis dans le cadre de ma formation.

"Mes compétences en présentations ont bien évolué, car nous avons présenté le projet plusieurs fois, le tout en anglais", raconte Emma Porchet, satisfaite de son expérience.

« Le projet NextSteps a un bel avenir, car partir à l’étranger pour une expérience professionnelle est le but de beaucoup de jeunes en formation. »

Emma Porchet

Quelles entreprises avez-vous rencontrées?
Nous n'avons pas rencontré beaucoup d'entreprises, car nous étions surtout avec l'ambassade qui a organisé une grande partie de notre programme sur place. Nous avons visité quelques écoles et fait des meetings avec des associations qui s'occupent de l'apprentissage là-bas. Cela nous a appris beaucoup et nous a donné des pistes pour le projet, sans toutefois nous aider à trouver des places de stage.

Les entreprises que nous avons rencontrées étaient présentes dans le cadre de notre présentation sur NextSteps et nous avons également eu la chance de visiter les locaux de la Zurich Assurances à New York, qui bénéficient d’une vue époustouflante.

Qu'est-ce que vous avez retiré de ce séjour?
Beaucoup de positif! Mes compétences en présentations ont bien évolué, car nous avons présenté le projet plusieurs fois devant un parterre d’une cinquantaine de personnes, le tout en anglais. J'ai également dû apprendre à m’adapter rapidement à la manière de faire sur place. Globalement, c’est vraiment une bonne expérience. J'ai beaucoup aimé découvrir la manière dont se déroulent la formation et les études. J'ai trouvé très facile de vivre sur place, car cela ressemble beaucoup à la Suisse, même si tout y est démesuré et impressionnant. J’ai aussi apprécié de découvrir ces deux villes, malgré notre emploi du temps chargé. Côté nourriture, elle est bien moins bonne qu’en Suisse!