Racines

1845, une autre époque

La BCV fête ses 175 ans en 2020. Quelque sept générations nous séparent de cette époque, bien différente, qui a vu la naissance de la Banque Cantonale Vaudoise à Lausanne. Petite plongée dans le passé de la ville.
| Par Brigitte Demierre Prikhodkine, BCV

1845: la ville de Lausanne est en pleine expansion. Imaginez les bouchons à la rue de Bourg – aujourd’hui piétonne – que quelque 500 véhicules, encore tirés par des chevaux, empruntent chaque jour, avant que la ville soit désengorgée, en partie, par la construction du Grand-Pont. La gare n’existe pas encore, aménagée en 1856. Elle se développera cinq ans plus tard avec l’ouverture de la ligne du Simplon.

On découvre le chocolat Lindt & Sprüngli et les gourmandises de la confiserie Manuel à la rue de Bourg. Les belles et les élégants font leurs emplettes au Grand Magasin Bonnard, au numéro 36 de la même rue. Il sera déplacé à l’emplacement de l’actuel Bon Génie en 1904. Le velours fait son apparition, puis la crinoline, qui va peu à peu remplacer le jupon et donner une allure très imposante aux jupes. Pour les hommes, l'habit noir est de rigueur: veste, cravate blanche, gilet, pantalon et bottes vernies.

L’heure peut se lire sur des «garde-temps» Jaeger-Lecoultre (Le Brassus), Longines (Saint-Imier) ou Patek Philippe (Genève).

Révolution vaudoise

1845, c’est aussi la révolution dans le canton de Vaud, où l’on passe d’un régime libéral à un régime radical. L’année connaît des perturbations économiques et la conjoncture défavorable incite la population à demander au Grand Conseil la création d’un établissement financier capable de procurer les fonds nécessaires aux particuliers et aux entreprises du canton. La voie était tracée pour la BCV.

Mais encore, en 1845…

Cette année-là naissait Marie-Heim Vögtlin, première femme de Suisse à être admise, 23 ans plus tard, comme étudiante à l’Université de Zurich, pour y suivre les cours de médecine… avec l’autorisation de son père. La même année voyait le jour Carl Spitteler, seul et unique prix Nobel suisse de littérature.

Les têtes tombent

C’est aussi en 1845 que l’on construisit la dernière guillotine de Suisse, qui tranchera quelques têtes encore jusqu’en 1940 dans les cantons non-abolitionnistes (Fribourg, Lucerne, Obwald, Schwyz, Uri, Zoug) avant que la peine de mort ne soit rayée des pratiques helvétiques par l’entrée en vigueur du Code pénal en 1942.